Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

A suivre (6 novembre 2003)

 

Les transferts Nord-Sud à l’épreuve du réel

 

La question des différences de dépenses en soins de santé entre le Nord et le Sud du pays est de celle qui empoisonne les relations entre flamands et francophones depuis de nombreuses années. Une étude de la Mutualité chrétienne remet les pendules à l’heure.

 

Au Nord du pays, la question des transferts financiers de l’assurance maladie est sans cesse invoquée par des parlementaires flamands pour défendre l’idée d’une régionalisation de l’assurance maladie. Ceux-ci disent constater que les coûts en soins de santé engendrés en Wallonie sont systématiquement plus élevés qu’en Flandre. Principalement en biologie clinique, en imagerie médicale et dans le secteur hospitalier. Autrement dit, les Wallons seraient des surconsommateurs, au dépens d’une Flandre qui serait beaucoup plus raisonnable.

Le service d’études de la Mutualité chrétienne vient d’infirmer cette réputation injuste faite aux Wallons en se basant sur le profil socio-économique des populations étudiées. En effet, il est normal de tenir compte du fait que là où il y a plus de personnes âgées, on dépense plus en soins de santé que dans une population jeune. De même, comme la loi le prévoit, les personnes au statut social fragilisé comme les veuves, les pensionnés, les invalides, les minimexés ou les chômeurs de longue durée bénéficient de meilleurs remboursements de frais médicaux. Les coûts seront donc plus élevés dans une population socialement plus fragile. Dès lors, si les données brutes (auxquelles ont recours les parlementaires flamands) sont pondérées en tenant compte de l’âge des gens, de leur sexe ou de leur statut social, on doit constater que les écarts de dépense annoncés entre les différentes régions de pays se réduisent à très peu de choses.

Le service d’études de la Mutualité chrétienne a donc comparé les dépenses individuelles avec les dépenses moyennes de la catégorie sociale à laquelle appartient chaque personne, alors que les données brutes auxquelles on a le plus souvent recours comparent les moyennes de dépenses régionales avec la moyenne nationale sans tenir compte des différences objectives de population. L’exercice n’a pu évidemment se faire que pour les affiliés des mutualités chrétiennes. Mais, avec 4,5 millions de membres, on peut dire que cet “échantillon” est très représentatif des populations régionales et nationales.

Ainsi, si l’on compare le montant total, en chiffes bruts, des dépenses de santé en Wallonie à la moyenne nationale, les Wallons dépasseraient celle-ci de 50,2 millions d’euros. Ce chiffre tombe à 3,12 million d’euros si l’on tient compte du profil particulier des populations régionales. C’est en Wallonie, en effet, que l’on rencontre le plus de personnes bénéficiant d’un remboursement préférentiel. A Bruxelles, après standardisation des données, on obtient un résultat semblable. D’une soi-disant surconsommation de 18,7 millions d’euros en chiffres bruts, le dépassement n’est plus que de 1,9 million d’euros. En Flandre, on obtient un résultat inverse. La sous-consommation médicale observée au Nord du pays, par rapport à la moyenne nationale, passe de 69 millions d’euros (chiffres brut) à 5 millions d’euros après correction des données.

Les transferts financiers qui suscitent tant de reproches au Nord du pays à l’égard des Wallons ne sont pas anormalement élevés. Ils s’expliquent et se justifient par les différences de profil de population - l’âge, le sexe et le statut social - entre le Nord, le Sud et le Centre du pays. Une population vieillissante, un plus grand nombre de chômeurs et de personnes bénéficiant d’un statut protégé doivent, c’est évident, faire face à des dépenses plus importantes en soins de santé. Il faut espérer que cette étude contribue - enfin - à mettre un terme à quelques solides clichés.

 

Christian Van Rompaey

 

Quelques chiffres

Les chiffres “corrigés” après que l’on ait tenu compte des différences régionales montrent également que les transferts ne se font pas uniquement à l’avantage de la Wallonie et au dépens de la Flandre.

En Flandre aussi, on découvre des secteurs où la consommation médicale est supérieure à la moyenne nationale : les soins à domicile (+ 10,4 % par rapport à la moyenne nationale des dépenses standardisées), les maisons de soins psychiatriques (+ 17,2%), la dentisterie (+ 14,9%), le matériel médical (+8,4%).

En Wallonie, les dépenses qui dépassent la moyenne concernent la biologie clinique (+ 11,9%), l’imagerie médicale (+ 17,6%), les accouchements (+16,9%), la médecine interne (+ 17,3%), les médicaments (+11%).

A Bruxelles, on enregistre des dépassements pour la dialyse (+ 21,4%), la dentisterie (+ 11%), le prix de journée à l’hôpital (+ 12,8%), la kiné (+ 27,1%).

Cette étude montre en fin de compte que c’est l’ensemble des acteurs qui doivent se sentir concernés par l’évolution des dépenses de santé et adopter une attitude responsable, en particulier dans les secteurs où la consommation des soins est supérieure à la moyenne.