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A suivre (17 avril 2003)

Tout pour l’Irak, le reste pour l’Afrique...

Loin des yeux, loin de l’aide ! Les fonds recueillis par les agences de l’Onu pour l’Irak dépassent déjà ceux destinés à toute l’Afrique pour 2003. Les besoins des 27 millions d’Irakiens éclipsent ceux des 200 millions d’Africains qui souffrent aujourd’hui de la faim.

Les chiffres donnent le tournis. Le président Bush a évalué le coût de la guerre en Irak à 75 milliards de dollars. Les agences onusiennes ont lancé un appel de fonds de 2 milliards de dollars pour faire face aux besoins humanitaires en Irak pour les six prochains mois. La totalité des appels de fonds lancés pour toute l’Afrique par les mêmes agences des Nations unies pour l’année 2003 ne dépasse pas 1,7 milliard de dollars… En Irak, il s’agit de secourir 27 millions de personnes. En Afrique, ce sont actuellement 200 millions de personnes qui souffrent de malnutrition. 40 millions d’entre elles, principalement des femmes et des enfants, risquent de mourir de faim. Au Sahel où les récoltes ont, dans certaines régions, été insignifiantes l’an dernier et dans les pays d’Afrique australe affectés par la sécheresse. Sans compter les 1,2 million de réfugiés dépendant de l’aide alimentaire.

Le 7 avril, devant le conseil de sécurité des Nations unies, le directeur exécutif du PAM (Programme alimentaire mondial), James T. Morris, s’interrogeait : “Comment se fait-il que nous acceptions par habitude un niveau de souffrance et de désespoir en Afrique que nous n’accepterions jamais dans n’importe quelle autre partie du monde ?”.

 

“Urgences silencieuses”, urgences oubliées

L’Irak occupe jusqu’à saturation les écrans de télévision, les pages des journaux, les émissions de radio éclipsant tout ce qui n’a pas trait à cette guerre hyper-médiatisée. Oubliées les suites du conflit en Côte d’Ivoire, passé sous silence l’accord intercongolais qui vient de mettre fin à quatre ans d’une guerre qui a fait plus de 3 millions de morts, ignorés les 500 000 personnes affamées du sud de la Mauritanie. Et qui parle des 996 villageois massacrés en Ituri, au nord-est de la Rdc, le 3 avril ?

L’Irak fait aussi la une des sites des agences humanitaires qui affichent presque tous en première page une photo de femmes ou d’enfants irakiens. L’essentiel des nouvelles présentées porte sur ce pays, les besoins d’aide, les actions en cours... Des bandeaux clignotants appellent à donner de l’argent en direct pour la population irakienne en grand péril. Pour trouver des informations sur le reste du monde, il faut chercher plus loin, cliquer sur “les autres urgences”. de l’Unicef, on arrive ainsi sur une page “Des millions d’enfants du monde entier menacés par les urgences silencieuses”, suivie d’une liste de 25 pays pour lequel l’organisme a lancé des appels humanitaires.

 

Rations alimentaires divisées par deux

Pourtant avant même le début de la guerre, certains organismes d’aide s’inquiétaient par avance des conséquences désastreuses de ce conflit sur les urgences oubliées du continent africain. Dès février, le Pam et le Hcr (Haut commissariat aux réfugiés) s’alarmaient de l’insuffisance des fonds qui leur parvenaient pour s’occuper des réfugiés africains. Faute de moyens, ils ont dû, par exemple, réduire de moitié la ration de maïs distribuée aux réfugiés du Burundi et de la Rd-Congo en Tanzanie. Pour eux, la guerre en Irak risquait de réduire leurs disponibilités financières et donc alimentaires. Fin mars, c’est le responsable d’Oxfam International, Nicola Reindorp, qui s’inquiétait à son tour que l’aide apportée à l’Irak ne le soit pas au détriment des autres crises, en constatant que les donateurs avaient financé à peine 10 % des appels lancés par l’Onu pour les 18 dernières situations d’urgence dans le monde.

Aujourd’hui les chiffres sont là, éloquents. Le site du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu publie un tableau, actualisé régulièrement, des appels de fonds lancés par les différentes agences de l’Onu pour 2003. Y figurent les montants demandés et les contributions acquises. La plupart des appels lancés sur l’Afrique sur 2003 n’ont reçu pour l’instant que de maigres contributions. Moins d’1 % pour la Guinée, 2 % pour le Liberia, 3,5 % pour la Sierra Leone… Seuls les appels pour la Côte d’Ivoire, l’Ouganda et la région des Grands Lacs sont couverts à plus de 20 %. L’appel pour l’Irak, qui n’y figure que depuis quelques jours, a déjà reçu 130 millions de dollars de contributions soit presque l’équivalent de tous les fonds promis à ce jour pour l’Afrique.

Marie-Agnès Leplaideur,
InfoSud - Syfia

 


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Militaires/Humanitaires, à chacun son rôle

“Mais pour qui se prennent-ils ? Pour les nouveaux chevaliers de l’Hôpital ? D’une main l’épée, le stéthoscope de l’autre !” Telle était en substance la réaction ulcérée de la communauté humanitaire, après les largages de colis alimentaires par l’armée américaine au-dessus de l’Afghanistan - entre deux bombardements. Et l’histoire se répète aujourd’hui en Irak…

Pour réfléchir à cette question, le GRIP et Médecins sans frontières s’étaient associés l’an dernier afin de publier un ouvrage “Militaires/Humanitaires. A chacun son rôle”. Cet ouvrage qui met bien en évidence les divergences fondamentales des uns et des autres dans le mandat comme dans les objectifs ne donne pas seulement la parole aux spécialistes (juristes, politologues, journalistes…). Il s’ouvre aussi à de nombreux témoignages d’humanitaire et de militaires de terrain.

 

Militaires/Humanitaires. A chacun son rôle. Éditions du Grip/Complexe 2002 (19,90 EUR). www.grip.org