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A suivre (2 janvier 2003)

Défendre le commerce équitable

A la veille des fêtes, l’organisation Fairtrade Labelling Organizations Internatinal (FLO) a reçu le Prix International de La Fondation Roi Baudouin pour le Développement 2002. La Fondation donne ainsi un soutien très clair à l’action que mène un grand nombre d’organisations pour développer le commerce équitable. Cette forme de commerce international qui protège les populations du Sud de l’exploitation et qui œuvre pour le développement durable de notre planète se doit d’être défendu par tous.

“Nous sommes cons, nous consommons, ce qu’on nous somme de consommer….” entonne le chanteur belge Marka sur un de ses albums. Nous achetons des jouets à nos enfants sans connaître leurs conditions de production en Chine, nous faisons nos courses au supermarché sans mesurer la logique indigne des centrales d’achat (1), nous buvons notre café sans nous demander si les populations qui le récolte peuvent vivre dignement de leur travail, nous nous vêtons sans savoir où et comment l’habit est fait. Mais rien, vraiment rien ne nous empêche de nous informer sur les conditions sociales, humaines, environnementales dans lesquelles la tablette de chocolat ou le sac en cuir que nous désirons acquérir ont été produits.

Pour nous aider dans la jungle commerciale orchestrée à grand renfort de publicité, des labels de commerce équitable ont fait leur apparition sur la scène internationale. L’organisation Fair Trade Labelling Organizations International (FLO) primée par la Fondation Roi Baudouin le 19 décembre dernier regroupe 17 organisations de labellisation situées en Europe principalement mais aussi au Canada, aux Etats-Unis et au Japon. En Belgique, Max Havelaar créé en 1991 labellise aujourd’hui 18 marques de café (représentant plus de 30 sortes de café), des bananes, du miel, du thé, du jus d’orange et du sucre de cannes. Max Havelaar n’achète et ne vend rien. Le label qu’il octroie permet de garantir au consommateur que le produit qu’il achète est le fruit d’une relation commerciale juste : paiement d’un prix équitable, relations commerciales à long terme, respect de conditions sociales minimales (conditions de travail, santé, éducation, qualité de vie et de l’environnement). Aux côtés du label Max Havelaar, les organisations de commerce équitable comme Les Magasins du monde-Oxfam, Oxfam solidarité ou le Miel Maya ont créé des marques comme Made in Dignity, Oxfam Fair trade ou Maya. Leurs critères leurs sont propres mais ils restent cependant très proches du label et méritent également la confiance des consommateurs.

Au-delà de ces produits étiquetés socialement, environnementalement et commercialement équitables, des actions menées par les ONG (“Vêtements propres”, “Pas de soutien pour la dictature birmane” ou plus récemment “Non merci ! Saint-Nicolas. On ne joue pas avec les droits humains”) tentent de responsabiliser le consommateur, de l’amener à modifier ses comportements mais surtout à le pousser à demander des comptes aux marques, aux producteurs, et aux distributeurs. Ainsi la marque de lingerie Triumph a-t-elle plié en retirant sa production de Birmanie, ainsi les marques signent-elles de plus en plus des codes de conduite (reste à contrôler leur application), ainsi certains distributeurs commencent-ils à se soucier des conditions dans lesquelles leurs commandes sont passées. Question d’image de marque. C’est que l’absence d’OGM, le respect de l’environnement, les garanties relatives aux conditions de travail… sont plébiscités par environ 4 à 5 consommateurs sur dix en Belgique selon une étude menée récemment par le Crioc. Cette enquête démontre qu’une marque peut aller jusqu’à doubler son pouvoir d’attraction en jouant la carte environnementale et citoyenne (2). Mais le consommateur reste cependant pragmatique : il veut bien changer ses comportements d’achats si leurs prix restent dans une fourchette raisonnable. Le prix, le nerf de la guerre, reste pour 91% des consommateurs belges le critère déterminant dans leur choix d’un produit non alimentaire.

Le consommateur a un pouvoir évident et il a tout intérêt à en jouer non par la négative (en boycottant un produit par exemple) mais bien de manière positive en affirmant ses choix et en questionnant ceux qui pensent encore pouvoir faire l’impasse du commerce éthique.

“Libération” racontait dans son dossier consacré à la hotte du Père Noël une histoire étonnante d’une “citoyenne responsable”(3). Une petite actionnaire de 61 ans, ancienne bénévole d’Amnesty International, a choisi d’interpeler Mattel, n° 1 de l’industrie du jouet, sur son propre terrain. Lors de l’Assemblée générale annuelle des actionnaires, Claude Hessler pose les trois questions de 45 secondes auxquelles elle a droit. Ses interventions font tâche d’huile et les conditions de travail des petites mains créatrices de Barbie sont aujourd’hui un sujet débattu régulièrement !

Françoise Robert

Plus d’infos sur www.fairtrade.net (site de la FLO), www.commerce-equitable.be , www.maxhavelaar.be , www.madeindignity.be , www.maya.be , www.maketradefair.com.

 

(1) Lire à ce propos l’article édifiant de Christian Jacquiau : Racket dans la grande distribution “à la française” paru dans Le Monde diplomatique de décembre 2002.

(2) Pour plus de détails, lire l’article de Laurent Raphaël : Acheter éthique, oui mais pas à n’importe quel prix ! dans la Libre Belgique du 13 décembre 2002.

(3) Libération du 17 décembre 2002, pages événement, encadré sur La croisade d’une petite actionnaire.