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A suivre (3 avril 2003)

Bientôt Pâques!

Au creux des jardins ou aux quatre coins de la maison, Pâques fait son nid. Quand les cloches sonnent, les œufs éclosent. Si, dans les villes, on est gourmand des œufs en chocolat, dans les campagnes, les enfants recherchent de vrais œufs peints de toutes les couleurs, dispersés dans les jardins, camouflés derrière les premières narcisses pour être trouvés par “les enfants sages”.

Symbole du renouveau, de la vie qui recommence, l’œuf est partout dans le monde, du Vietnam aux Égyptiens, des Indous aux Celtes un souhait de paix et de prospérité. Mais aujourd’hui, Pâques ne pourra se contenter de faire la fête aux champs et de célébrer la tournante des saisons.

Bagdad, deux syllabes en pizzicato, faisaient monter en nous l’image d’un Orient de bazars, de souks, de minarets et de chants. Le pays de la Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, décrit symboliquement par le livre de la Genèse comme le lieu d’origine de l’humanité, éveille des souvenirs bibliques. Mais l’Irak, devenu un champ de combat poussiéreux, ne fait plus rêver. Voilà que l’Occident, terre des droits de l’homme, a poussé “l’absurdité de faire payer à un peuple affable et accueillant pour les étrangers, les fautes de son chef, fautes par ailleurs largement inspirées et soutenues par ceux-là mêmes qui tiennent aujourd’hui la main sur le garrot… Je veux dire comment, explique un opposant irakien à Saddam Hussein (1) , au nom de principes justes et généreux, on fait le contraire de que ces mêmes principes imposeraient de faire. Et ce, après avoir longtemps fait son miel de ce que l’on prétend combattre. En clair, comment après avoir vendu à l’Irak toutes sortes de saloperies parce qu’il payait comptant, on tire maintenant sur son peuple en lui refusant le nécessaire, l’indispensable… La voie sacrée vers la démocratie passerait-elle par la misère, l’isolement et l’humiliation?”

 

Autrement dit, l’équipe actuellement au pouvoir aux États-Unis, qui affiche un fondamentalisme chrétien d’un autre âge ne fait que s’aligner sur les conseils cyniques d’un Machiavel plutôt que sur les textes de l’Évangile : “Un prince doit comprendre, s’il veut garder son pouvoir, qu’il lui faut souvent agir contre la foi, contre la charité, contre l’humanité et contre la religion (2).

 

C’est donc dans ce contexte international “au goût de cendres” que les chrétiens iront vers les prochaines fêtes pascales et célèbreront la victoire de la vie sur la mort. La période précédant Pâques s’ouvre en effet – paradoxalement – par le mercredi des cendres dont chacun connaît les fortes paroles : “N’oublie pas que tu es poussière, et que tu retourneras à la poussière”.

Mais la portée de ces paroles bibliques est bien différente de ce qu’on entend habituellement, si l’on sait que celles-ci ont été prononcées au temps de la splendeur du roi Salomon. Elles devaient surtout rappeler à ceux qui disposent du pouvoir économique, du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire que leur arrogance et leur suffisance n’étaient pas de mise. Ce ne sont donc pas des paroles de soumission pour le peuple… ce qui serait en effet contraire aux nombreux textes de l’Évangile où il est sans cesse question de celui qui était couché, abattu, perdu… et qui se remet debout !

 

Ainsi, les compagnons d’Emmaüs, rapporte l’évangéliste, parlaient des évènements qui venaient de se dérouler la veille à Jérusalem. Celui en qui ils croyaient s’était fait arrêter. Il avait été crucifié avec des voleurs alors que c’était un juste. Chemin faisant, ils endurent l’effroyable souffrance des espoirs déçus. C’est l’épreuve du tombeau vide. Même la femme de Ponce Pilate avait, paraît-il, prévenu son mari qu’il allait commettre une erreur judiciaire ! Mais lui s’en lavait les mains. Il n’allait pas risquer sa place pour un étranger!

 

Et voilà qu’un passant se joint à leur conversation. Ils lui expliquent ce qu’il s’est passé. Et tandis qu’ils conversent entre eux, le dialogue de désespoir devient une conversation de compréhension. Le chemin de contradiction devient chemin de reconnaissance. L’idée s’impose que la souffrance n’est pas un argument contre l’espoir et que la mort elle-même n’est pas une preuve contre la vie...

Voilà, sans doute, la première forme de résurrection dont les chrétiens firent l’expérience. La Résurrection s’accomplit avant la mort. Marcher droit, parler vrai, vivre juste… Pâques n’est pas ailleurs. Tel est pour un chrétien engagé le message du Christ. Il ne serait pas juste que la vie de certains doivent se passer à “mordre la poussière”.

 

Que chacun d’entre nous puisse enfin découvrir la joie d’être traité en toute dignité et en toute justice, voilà le vœu d’En Marche pour cette fête de Pâques.

Christian Van Rompaey

 

(1) Machiavel, Le Prince, Le Livre de poche, n° 879, Paris, 1980, p. 93. Cité par Ignacio Ramonet dans la dernière édition du Monde Diplomatique largement consacré à la question irakienne.

 

(2) www.barbut.net