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A suivre (4 décembre 2003)

 

Quel avenir pour notre système de santé?

 

Le 23 novembre dernier - première dans la région liégeoise - les mutualités socialistes et chrétiennes organisaient ensemble une table ronde sur l’avenir des soins de santé en Europe et dans notre pays. Ce fut un vrai débat contradictoire puisque étaient également invités des représentant du MR (Mouvement réformateur) et de la FEB (Fédération des entreprises de Belgique) dont les positions ne rejoignent pas exactement celle des organisations sociales!

 

Alors que l’Europe sociale n’en est qu’à ses balbutiements, s’interroge Dominique Legrand, directeur de la Mutualité chrétienne de Liège, au moment de son élargissement, s’efforcera-t-elle de généraliser le système de protection sociale que nous connaissons ? Ou, s’alignera-t-elle sur le plus petit dénominateur commun en proposant à tous un socle de base solidaire constitué d’un paquet de soins dits indispensables, le reste étant confié au jeu du libre marché? Ces services ne seraient évidemment accessibles qu’à ceux qui disposent de moyens financiers suffisants.

Par ailleurs, précise Dominique Legrand, si les derniers débats budgétaires ont accordé un bol d’air à notre système de santé en lui accordant une augmentation de 4,5%, il faut craindre que d’autres choix, notamment celui de s’engager plus avant dans la réforme fiscale, ne permettront pas d’assurer un financement correct de l’assurance soins de santé à l’avenir.

 

Chacun sait en effet, renchérissent ensemble Bernard De Backer, Secrétaire général des Mutualités socialistes, ainsi que Marc Justaert, président des Mutualités chrétiennes, que ce n’est pas cela qui sauvera les soins de santé. Il s’agit bien d’un budget de rattrapage, confirme madame Bovy, chef de cabinet de Rudy Demotte, Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique.

 

“On en a marre...”

Pour sa part, le député Bacquelaine, président du groupe MR au Sénat, croit à notre système de santé hérité d’un compromis historique entre les organisations sociales et les pratiques libérales. Il estime, quant à lui, que nous sommes bien loin d’une privatisation excessive des soins de santé, “à l’américaine”. Tandis que Bernadette Adnet, représentante de la Fédération des Entreprises de Belgique et auteur d’un rapport sur l’avenir des soins de santé, estime que l’on n’échappera pas à une régulation des dépenses de soins de santé. Elle propose que l’on constitue un régime de base pour les remboursements en soins de santé, garantissant à chacun des soins de qualité, en laissant une place pour le développement d’assurances complémentaires privées, ajoutant que la prise en charge des soins de santé par l’État est plus importante chez nous que dans les pays voisins. Par ailleurs, ajoute-t-elle, il faut aussi remédier aux dysfonctionnements du système, source de gaspillages.

La question du financement des soins de santé et de la maîtrise des dépenses était donc au cœur de la discussion. Les mutualités ne minimisent en aucune façon cette situation. Il suffit de se reporter aux nombreux éditoriaux publiés dans En Marche sur le sujet (1) pour s’en convaincre. Mais, affirme Marc Justaert, président des Mutualités chrétiennes, “il s’agit là d’une situation qui ne se résoudra pas, comme le pensent certains esprits faciles, “simplement” par une meilleure maîtrise des dépenses parce que l’augmentation importante des coûts ces dernières années, selon une étude faite au service d’études de la Mutualité chrétienne, tient pour l’essentiel à des facteurs étrangers au système d’assurance maladie.”

 

Ce sont en effet les décisions politiques en matière d’améliorations salariales et d’encadrement en personnel soignant; ce sont les améliorations sociales en termes d’accès aux soins; ce sont les prix élevés des nouveaux médicaments et équipements médicaux vendus par les firmes commerciales; ce sont les conséquences du vieillissement démographique; ce sont les nouvelles initiatives en termes de santé publique (soins palliatifs, toxicomanie, habitations protégées, …) qui sont à l’origine de la croissance des dépenses (2). “On en a donc marre d’entendre parler de la soi-disante explosion des soins de santé, comme si ce secteur ne connaissait aucun contrôle alors que c’est au quotidien, par les nombreuses informations dont nous disposons aujourd’hui, la puissance du traitement informatique, la concertation avec les professions médicales que nous n’arrêtons pas de contrôler les dépenses et d’encourager les bonnes pratiques.”

 

Mais les risques à venir se situent également du côté de l’Union européenne, comme l’a bien montré Alain Coheur de l’Association Internationale de la Mutualité : l’ouverture de l’Europe à des pays qui sortent du “tout à l’État” vont-ils se précipiter vers le “tout au privé” ? Y aura-t-il encore place à l’avenir pour des services “d’intérêt général” dans une Europe qui semble vouée à la défense de la libre concurrence ? Les biens de santé peuvent-ils être assimilés à au commerce des marchandises ? La notion de “services” telle qu’elle existe dans les textes actuels ne garantit pas à coup sûr une reconnaissance du statut particulier - non commercial - des mutualités en Europe.

 

Notre système d’assurance maladie, essentiellement basé sur la solidarité entre les malades et les bien-portants est en danger, devait conclure Jean-Pascal Labille, secrétaire général des Mutualités socialistes de la région liégeoise. Relevons deux répliques possibles, parmi d’autres. Il faut obtenir au niveau européen une reconnaissance des assurances complémentaires mutuellistes comme étant des “services pas comme les autres”. C’est-à-dire non commerciales. Il faut exiger que ce qu’on appelle, malencontreusement, le deuxième pilier soit lui aussi basé sur les règles de la solidarité.

 

Christian Van Rompaey

 

 

(1) Voir sur notre site Internet : www.enmarche.be  (Rubrique Editoriaux).

(2) Lire dans Peut-on réduire les dépenses de santé sans augmenter les inégalités de santé ? (18 octobre 2001).