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Quel est le meilleur système de santé?

Nous étions convaincus depuis longtemps de bénéficier en Belgique d’un système de santé de qualité, accessible à l’ensemble de la population. Cela va encore mieux lorsque ce sont des observateurs extérieurs à notre pays qui le disent.

Coup sur coup, deux grandes sociétés spécialisées dans l’analyse des marchés et des stratégies industrielles, après avoir compilé de nombreuses données statistiques, affirment que notre système de santé est l’un des plus performants.

Les analystes britanniques de la firme WMRC (World Markets Research Center), rapporte le quotidien Le Soir du 25 avril dernier, ont en effet placé la Belgique en tête d’un classement portant sur la qualité et l’accès aux soins de santé dans le monde. Notre pays se retrouve premier sur 175 nations, juste devant l’Islande et les Pays-Bas ! Les États-Unis, pourtant à la pointe de la recherche médicale, n’arrivent qu’à la 17ème place de ce classement. L’Angleterre se classe à la 23ème place, le Japon et la Nouvelle-Zélande tous deux à la 20ème place. Selon les commanditaires de cette enquête, cette bonne performance des “petits pays” s’expliquerait par une attention plus grande des pouvoirs publics aux besoins de leurs populations et par la bonne accessibilité, via les assurances santé, au système de soins. Encore faudra-t-il être plus attentif à l’évolution future. Les cancers ne sont pas vaincus. Des maladies comme le diabète, l’obésité, les pathologies du vieillissement connaîtront un impact de plus en plus important.

Hasard du calendrier, quelques jours plus tard, la société Bain & Company, une entreprise fondée à Boston en 1974, considérée comme l’une des trois plus grandes entreprises de conseils en stratégie dans le monde proposait à son tour une analyse des performances des différents systèmes de santé : le modèle inspiré des assurances sociales, le service de santé national et le modèle des assurances privées.

On reconnaît là, bien sûr, les trois modèles les plus connus de prise en charge des dépenses de santé. Le premier, le plus ancien fut introduit par le chancelier Bismark en Allemagne, il y a plus d’un siècle : les régimes obligatoires d’assurance maladie sont fondés sur une affiliation professionnelle et financés par des cotisations patronales et salariales. Le second est plus récent puisqu’il est apparu en Angleterre à la suite du plan Beveridge en 1942 et aboutit en 48 à la création d’un monopole de santé publique financé à 80% par la fiscalité. Le troisième enfin a démarré aux États-Unis où l’assurance volontaire (privée) est la principale forme d’assurance santé. Au fil du temps, les modèles d’origine se sont transformés. Ainsi, le modèle continental (Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne…) est devenu un mixte s’appuyant à la fois sur les assurances sociales (cotisations) et sur la financement public (fiscalité).

Quel est le meilleur système de santé ?

Selon l’enquête menée par Bain & Company, le système de santé britannique est celui qui connaît le plus de retard sur le plan des équipements. Il obtient les plus mauvais scores en qualité des soins pour les patients cancéreux et connaît des délais d’attente plus élevés que partout ailleurs. Le quasi monopole des soins détenu par l’État a eu un effet dévastateur. De telles carences ont suscité un marché parallèle de soins pris en charge par le privé et réservé à ceux qui peuvent se le payer. La Grande-Bretagne connaît donc aujourd’hui un système de santé à deux vitesses. Le système est devenu inopérant parce qu’il n’a pas été suffisamment financé, les moyens de financement étant entre les mains du pouvoir politique.

Par contre, le modèle américain a choisi de confier au secteur privé la couverture des soins de santé, estimant que c’était le moyen le plus efficace d’assurer le contrôle des coûts. Or, les États-Unis connaissent les coûts de santé globalement les plus élevés pour une efficacité moindre que celle de tous les autres pays industrialisés. Ainsi, la mortalité infantile et l’espérance de vie font de moins bons scores que partout ailleurs. De plus, la proportion de population non assurée est très importante puisqu’elle atteint près de 20% de la population. Par ailleurs, ce système garantit des profits privés que la société Bain & Company qualifie d’excessifs, surtout si c’est pour offrir aux citoyens américains un système marqué par les inégalités.

En Belgique, le système de santé n’est ni public, ni privé. Il est historiquement le résultat d’un mixte basé sur l’initiative privée et sur les assurances sociales. Ce système est, selon la société Bain & Company, l’un des meilleurs d’Europe. La grande difficulté est sa complexité. Celui-ci suppose en effet une bonne concertation entre tous les acteurs concernés (prestataires de soins, payeurs, patients, fournisseurs de biens). Mais c’est de cette concertation que les patients obtiennent en fin de compte la meilleure qualité de soins, le plus d’égalité d’accès aux soins (financièrement et géographiquement), le libre choix des soignants, la meilleure maîtrise des dépenses, la capacité de se réformer… ! Le point le plus dangereux, comme dans tous les autres systèmes, reste celui de l’irrésistible montée des coûts et de l’inévitable mise au point de mécanismes régulateurs. Le danger le plus grand serait de croire que la solution pourrait se trouver en dehors de l’actuel système de concertation.

Christian Van Rompaey

Sur le même thème, on peut lire avec intérêt l’ouvrage de Denis-Clair Lambert Les systèmes de santé. Analyse et évaluation comparée dans les grands pays industriels. éditions du Seuil 2000. Coll. économie Humaine (29,75 EUR).