A suivre...  (21 décembre 2001)

Le temps de Noël

suivi de

• Actualité de l'évangile de l'abbé Louis Dubois

Et maintenant, un chant de Noël… Hi-fi, électro, vidéo…” nous susurrent quelques voix angéliques qui n’ont évidemment rien à voir avec l’esprit de Noël. Ainsi va la pub qui nous laisse entendre que “Acheter, c’est vivre !”

Ramolli dans cette atmosphère doucereuse, pouvons-nous encore célébrer comme il se doit la force de l’événement ?

Aujourd'hui, des publicitaires et agents de relations publiques se définissent sans modestie aucune comme des "créateurs d'évènements" ou, en plus frivole, des "créatifs". L'expression convient mieux à leur univers de plastique-qui-brûle-en-deux-minutes. En face, il y a un autre monde, celui de la vie quotidienne, le monde du travail et de l'amour, celui du plaisir d'être ensemble, la famille et les amis, le monde de ceux qui créent avec force et patience le temps de la paix et de la justice. Pour elles et pour eux, la vie n'est pas de la figuration. La naissance ou la mort, la santé ou la maladie, l'amour ou la séparation, le travail ou la mise au chômage, la maison accueillante ou l'émigration sans fin… ne sont pourtant que des évènements très ordinaires. En apparence. Car vivre, cela arrive à tout le monde.

L'événement n'est pas dans l'apparence. L'événement est intérieur. Pour dire la force du temps de Noël, je reprendrai les mots de l'écrivaine Colette Nys-Masure dans sa superbe"Célébration de Noël"  (1): "Naître, c'est recevoir l'existence". Aujourd'hui et demain, comme hier, naître c'est "être en proie à la vie". Et de nous proposer ce témoignage: "Elle avait fini d'élever leurs enfants et les enfants étrangers en escale chez eux à intervalles réguliers ; elle arrivait au bout d'une profession exigeante, elle entrevoyait un troisième âge, un tournant de la vie conjugale. Et voici que tout s'écroule parce que le compagnon signifie brusquement son départ vers une autre femme, une plus neuve. Voici que des femmes engagées dans une formation thérapeutique la hèlent: elle acquiert à sont tour un surplus de compétence étayée par ce groupe chaleureux, stimulant. La clarté, pas le plein soleil de jadis, mais une lumière plus soutenue, plus limpide, vient balayer les ombres et les terreurs, éclairer doucement le reste du chemin."

Actualité de l’Evangile

Trop souvent, les textes de la Bible nous parlent de trop loin. 

Qu’avons-nous à voir avec les récriminations des prophètes contre les puissants, un peuple de réfugiés fuyant l’Egypte, des pharaons et d’autoritaires docteurs de la loi vivant dans la Palestine du 1er siècle ?
L’abbé Louis Dubois nous propose sa lecture de l’actualité pour le temps de Noël (1).

“En ces jours-là, l’empereur Auguste et Quirinus, gouverneur de Syrie, pour compter leurs sujets ; en ces jours-là, les chefs des Serbes et des Bosniaques, pour occuper en maîtres une terre dont chacun prétendait qu’il était le seul propriétaire; en ces jours-là aussi, les riches propriétaires laissaient, en plein hiver, de grands immeubles vides, pour les garder à eux; et tous, en ces jours-là, ils jetaient sur les routes des foules de réfugiés, ils jetaient à la rue nombre de sans-logis. Et c’est parmi ces gens que naquit un enfant. Mais ça ne compte pas. Pensez donc. Rien qu’un pauvre !

En ces jours-là, les scribes et docteurs de la loi, spécialistes du texte et de la tradition, annonçaient le Messie, avec autorité ; près d’eux, les pharisiens se montraient en exemple et prêchaient la morale ; en ces jours, des croyants, musulmans, orthodoxes, appelaient le même Dieu sur leur champ de bataille ; en ces jours-là aussi, des hommes de religion écrasaient de leurs lois les épaules les plus frêles ; et tous, en ces jours-là, le faisaient au nom même de leur Dieu tout-puissant. Et c’est au milieu d’eux qu’un jour, un homme est né. Mais ça ne compte pas. Pensez donc. Rien qu’un homme.

Aussi, en ces jours-là, n’y eut-il comme témoins que quelques pauvres seulement. Marie et Joseph qui n’avaient pas trouvé place à la salle commune, réfugiés à l’étable. Quelques bergers du coin, trop pauvres pour avoir droit de vivre avec les autres. Un vieil abbé sans grade et que l’on ne connaît que par son prénom : Pierre. Et tant d’hommes et de femmes, aux mille petits gestes de partage et d’entraide. Et tous, ils donnent vie, ils mettent au monde l’homme, ils luttent pour qu’il puisse vivre debout et libre. Car ça compte. Pensez donc. Dieu lui-même s’est fait homme.”