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Pour le retour du social

L’actuel Gouvernement, “un Gouvernement pluriel à majorité libérale”, affirme François Martou, président du MOC, commet la grave erreur de sous estimer l’importance de la crise économique. Le MOC plaide la relance par le retour du social plutôt que par la fiscalité.

Le Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC) tenait récemment Congrès à Louvain-la-Neuve. Avant d’évoquer les questions d’actualité, les militants ont analysé le contexte dans lequel travaille aujourd’hui le mouvement social, un contexte marqué par la mondialisation, la montée de l’individualisme et l’apparition de “nouveaux mouvements sociaux”. Autant de contraintes, mais aussi autant de leviers pour un renouveau de l’action sociale.

La mondialisation est un fait. Mais il ne convient pas tant de lutter contre elle que contre son orientation actuelle largement dominée par les marchés, réduisant sans cesse la capacité de régulation économique des États. Il faut croire à la possibilité collective de transformer la société et d’instaurer de nouvelles formes de solidarité.

• La montée de l’individualisme remet en cause les formes traditionnelles de l’engagement social. Mais, loin de l’individualisme frileux, il existe aussi un individualisme généreux et ouvert qui laisse place à une large gamme d’expression de soutien, de proximité, de service, d’appartenance… Chacun a quelque chose d’irremplaçable à apporter à la société.

• Enfin, depuis 25 ans, se développent ce qu’on a appelé les “nouveaux mouvements sociaux”. Ceux-ci débordent largement les thèmes classiques des partis politiques comme des grandes organisations qui n’apparaissent plus comme les lieux exclusifs de l’action sociale. Des thèmes comme les droits de l’homme, l’égalité entre hommes et femmes, la défense des consommateurs, les sans papiers, la défense de l’environnement, les mouvements pour la paix, les groupes de patients… ont “politisé la vie quotidienne” et revitalisé l’action sociale. Mais le lien entre les grands acteurs historiques du mouvement social et les nouvelles associations n’est pas toujours facile bien qu’ils se retrouvent souvent associés dans de nombreuses actions communes sur le terrain du travail, de l’emploi ou de la santé. Le MOC veut aller “de la méfiance à l’alliance”.

Un budget d’Affaires courantes

Le MOC n’est pas un parti politique, mais une coordination des grandes organisations sociales du monde chrétien. Il ne dit à personne comment il doit voter. Mais il est dans son rôle d’analyser la politique du Gouvernement.

Sur le plan social, constate le MOC, le Gouvernement n’apporte pas de réponse aux revendications présentées par la plate-forme syndicale, mutuelliste et associative du 20 mai dernier, qui réclamait une revalorisation significative des allocations sociales. Il se borne à confirmer les 10 milliards qu’il avait prévu initialement. “Cette attitude est véritablement indécente, à l’égard des milliers d’allocataires sociaux dont le pouvoir d’achat s’est considérablement érodé au fil de ces dernières années”.

Dans le même temps, il ne revient sur aucun des engagements pris en matière fiscale, et choisit d’exécuter intégralement le premier volet de la réforme fiscale, dont on sait qu’elle réduit la redistribution des revenus et accroît les inégalités. En particulier, le taux maximal d’imposition appliqué aux ménages les plus riches (revenu annuel supérieur à 2.507.000 F) sera ramené de 55 % à 52 % dès 2002 (ce qui devrait représenter un cadeau de 3 à 4 milliards, offert à quelque 100.000 personnes !). Ce choix, déjà contestable en période de forte croissance, devient inacceptable dans une conjoncture inversée comme celle que nous connaissons aujourd’hui.

En soins de santé, même augmenté par rapport à 2001, le budget retenu ne permettra pas de faire face à l’évolution des besoins de la population. Le Gouvernement lui-même reconnaît que les dépenses de santé vont continuer à augmenter! “La question qui est posée est celle de savoir quelle part de sa richesse collective la société est disposée à consacrer à un système permettant à chacun d’avoir un accès égal à des soins de santé de qualité”. Pour le MOC, le budget adopté par le Gouvernement risque de provoquer le déconventionnement massif des prestataires, et de pénaliser les patients, particulièrement les plus fragiles.

Ce faisant, on détricote la Sécurité Sociale, et l’État libéral ouvre la porte à la privatisation des soins de santé. Il est impératif de développer un financement alternatif de la Sécurité Sociale. A nouveau, la Cotisation Sociale Généralisée est absente du débat.

Enfin, le Premier Ministre appelle au vote de la réforme du revenu minimum d’existence. Mais les modifications proposées par les associations, et qui semblaient avoir au moins partiellement reçu l’accord du ministre de l’Intégration sociale, ne seraient pas parvenues jusqu’à lui...

Une autre politique est possible. Celle-ci devrait programmer une revalorisation significative des allocations sociales, refuser toute privatisation des soins de santé en garantissant la pérennité du système, rééchelonner la réforme fiscale à la lumière des nouvelles réalités budgétaires, en garantissant les moyens du service public et en rééquilibrant les dépenses fiscales en faveur du monde populaire.

Le retour du social devrait permettre d’obtenir que la réforme du revenu minimum soit accompagnée de mesures visant à protéger les droits des usagers, de refuser toute réduction supplémentaire des cotisations patronales qui ne seraient pas liées nécessairement à la création d’emplois.

Il faudrait encore s’engager activement dans la lutte contre la fraude fiscale et pour la taxation de la spéculation et des transactions financières, mettre en œuvre une politique d’asile qui soit réellement conforme au respect des droits de l’homme, accorder aux gardiennes d’enfants un véritable statut professionnel et social.

Ces trois derniers objectifs, pourtant prévus dans l’accord de majorité, sont d’ailleurs absents de la déclaration gouvernementale.

 

CVR

Textes du Congrès http://www.moc.be