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A suivre... (1er février 2001)

 

 

Porto Alegre : 

“ Un autre monde est possible…”

Alors que s’ouvrait le Forum économique de Davos, dans la petite station suisse des Grisons, sous la protection de quelque 300 militaires sur pied de guerre, c’est dans la fête, au son des tambours et des sambas populaires, que démarrait à l’université catholique de Porto Alegre au Brésil le premier Forum social mondial.

Nous avons voulu que soit représentée ici, à Porto Alegre, toute la diversité des sociétés. Ce n’est pas comme à Davos, un forum de personnalités pour l’essentiel porte-parole de leurs actionnaires” soulignait Oded Grajew, président de l’association brésilienne des patrons pour la citoyenneté, l’un des principaux organisateurs de ce premier Forum social mondial. L’idée de ce Forum a immédiatement séduit Bernard Cassen, directeur du Monde Diplomatique et de l’association Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour une aide aux citoyens) qui a suggéré que celui-ci soit organisé au Brésil dans la ville de Porto Alegre, capitale de l’État du Rio Grande do Sul. L’expérience de démocratie participative menée à Porto Alegre depuis plusieurs années symbolise en effet la résistance aux politiques néolibérales au point d’apparaître à de très nombreuses organisations comme une voie possible dans la construction d’un autre monde, davantage centré sur les besoins des populations.

Depuis 1989, dans la ville de Porto Alegre (1,3 millions d’habitants), le Parti des Travailleurs (PT), qui en est à son 4ème mandat consécutif, a lancé une politique de démocratie originale participative (et non seulement représentative). Chaque année, la population, au travers d’assemblées générales de quartiers et d’assemblées générales thématiques, décide de la gestion du budget de la ville : combien on dépense et pour quoi faire ? Dans ce système, ce ne sont pas seulement des experts ou des fonctionnaires qui déterminent les priorités. La rencontre des besoins des populations y est “naturellement” prioritaire. Les acquis sociaux du “budget participatif” en termes de logement, de santé, d’éducation, de mobilité… sont impressionnants dans un pays classé au 76e rang selon l’indice de développement humain mis au point par le Pnud (Nations-Unies) : la réinsertion sociale des enfants des rues, le développement de projets d’économie non-capitalistes comme le recyclage des déchets, l’attribution légale de logements “illégalement occupés” par des familles sans logement, le développement du réseau d’eau potable, des transports en commun pour tous et des soins de santé accessibles... Une quarantaine de bénévoles, élus par les assemblées de quartiers et les assemblées thématiques constituent un relais permanent entre la population et le gouvernement de la ville. La technique marche tellement bien qu’elle s’est étendue aujourd’hui à l’ensemble des villes de l’Etat de Rio Grande do Sul. “L’indiscutable force de l’expérience de Porto Alegre réside justement dans le dépassement de la ‘propagande générale’ et de la simple agitation, dans sa valeur pratique et concrète de mobilisation à une échelle de masse. C’est avant tout de ce point de vue-là que l’expérience de démocratie participative a une valeur universelle face à “l’universalité” du capitalisme mondialisé” affirment des observateurs de retour du Brésil en novembre dernier. (1)

On peut donc rêver d’une autre mondialisation qui ne serait plus dominée par des financiers pour lesquels la préoccupation du social est et sera toujours source de régression et de crise.

Certes, le thème du Forum économique de Davos de cette année, où se retrouvent depuis 30 ans chefs d’entreprise, économistes, banquiers, politiques, commerciaux… a voulu afficher une préoccupation sociale: “Favoriser la croissance globale et réduire la fracture sociale” disent-ils. Mais est-ce vraiment le signe d’une reconnaissance de la situation décrite par le très sérieux rapport mondial sur le développement humain publié par le Programme des Nations-Unies pour le développement (1999) qui affirme que si “en 1960, les 20% de la population mondiale vivant dans les pays les plus riches avaient un revenu 30 fois supérieur à celui des 20% les plus pauvres. En 1995, leur revenu était 82 fois supérieur!”. Le programme de Davos ressemble plutôt à un aveu du fait que la politique de libéralisation a été source d’inégalités croissantes. Dans 70 pays, le revenu par habitant est inférieur à ce qu’il était il y a vingt ans… Il ne faut donc pas attendre que vienne de la station helvétique des indices de reconversions radicales. Quelques mesures de régulation n’annonceront pas un retour de l’équité et de la justice sociale dans les affaires. Simplement, il devient clair aux plus perspicaces et aux opportunistes que les affaires ne “marchent pas bien” quand elles se développent dans un climat d’injustice et d’inégalité.

Christian Van Rompaey

(1) “Réinventer la démocratie” http://belgium.indymedia.org

 

On trouvera d’autres informations sur les sites suivants :

 

Le Monde Diplomatique : www.monde-diplomatique.fr

Attac : http://attac.org/

Le Courrier de Genève : http://www.lecourrier.ch/

Municipalité de Porto Alegre: http://www.portoalegre.rs.gov.br

Forum social Mondial : http://www.worldsocialforum.org (contient aussi dans la “Bibliothèque des Alternatives” un certain nombre de textes intéressants de Samir Amin, François Houtart, Ignacio Ramonet, François Chesnais…)

Forum de Davos : http://www.weforum.org