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A suivre (7 juin 2001)

La désespérance des Palestiniens

Le 1er juin 1981, il y a 20 ans exactement, Naïm Khader, représentant de l’Organisation de la Palestine à Bruxelles et auprès des Communautés européennes, était assassiné devant son domicile bruxellois, rue des Scarabées. Généreux et tolérant, il savait tout à la fois expliquer la situation désespérée des Palestiniens et établir les contacts indispensables entre ceux qui voulaient la paix et le développement pour l’ensemble de la région.

Depuis le début des années 70, le Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC) a toujours été aux côtés du peuple palestinien. Aussi, son président, François Martou, ne pouvait manquer de s’associer à la soirée d’hommage qui était organisée ce 1er juin 2000 par l’Association Belgo-Palestinienne. Depuis l’assassinat de Naïm Khader, ses représentants ont fait à plusieurs reprises le voyage de Palestine afin de soutenir le développement palestinien. Il serait illusoire de croire que la paix puisse s’installer dans cette région tant que son développement économique et social est sans cesse remis en cause du fait de l’occupation israélienne.

L’accord d’Oslo avait laissé espérer une ouverture (incertaine) vers la paix. Mais les négociations sur le statut final des territoires n’ont pu être menées à terme puisque le pouvoir israélien ne cessait d’encourager la construction de nouvelles colonies dans les territoires palestiniens. Depuis Oslo, le nombre d’habitants des colonies israéliennes a doublé et une grande partie des israéliens se refusent encore à envisager de geler leur développement. Ce qui fait dire à Bichara Khader, le frère de Naïm Khader, que “Les israéliens ont peur de la paix” parce que celle-ci pourrait mener à une confrontation à l’intérieur même d’Israël entre les partisans d’une paix négociée et ceux qui refusent le démantèlement des colonies, l’application du droit au retour pour de nombreux réfugiés ou le partage de Jérusalem.

Une telle politique, qui s’accompagne de la fermeture régulière des territoires, de la démolition des maisons, du déracinement des arbres fruitiers, de l’appropriation des ressources en eau, indispensables à un peuple majoritairement agricole, d’entraves à la circulation entre zones palestiniennes, d’interventions israéliennes à l’aéroport de Gaza… ne peuvent que conduire à la violence. A coup de procédures “administratives”, Israël impose des limites graves aux libertés des Palestiniens dans leur vie quotidienne, justifiées au nom de la sécurité d’Israël. Mais, comme l’affirmait François Martou : “Les Israéliens ne seront reconnus que si les Palestiniens, eux aussi, sont libres et reconnus”. La paix est un rêve impossible si on cherche à l’établir au dépens de l’autre.

L’Intifada, “la révolte des pierres”, ce n’est donc pas tant une guerre contre l’Etat d’Israël, que les Palestiniens n’auraient d’ailleurs pas les moyens de conduire ! L’Intifada, c’est d’abord une révolution de l’intérieur. C’est la révolte d’un peuple devant une situation d’occupation et de non-droit. Depuis le partage de la Palestine en 47, et surtout depuis 1967, Israël refuse de reconnaître les droits élémentaires des Palestiniens tels qu’ils ont été maintes fois définis dans de nombreux textes internationaux ! Les Palestiniens sont “prisonniers sur leurs terres” depuis plus de 50 ans. La quatrième génération grandit actuellement dans des camps qui ont été construits par leurs arrières-grands parents. Et tous les réfugiés connaissent la résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations-Unies adoptée le 11 décembre 1948 (!) : “Il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins.”

Aujourd’hui, la situation est plus grave qu’elle ne l’a jamais été ! L’Europe, incapable de mener une politique étrangère, n’ose pas exiger de contrepartie à l’Etat d’Israël lorsqu’elle signe avec ce pays des accords commerciaux. Serait-il impensable d’exiger d’Israël de mettre fin aux nombreuses discriminations dont souffrent les Palestiniens et de respecter le droit international ? Quand l’Europe commerce avec le reste du monde, les pays en développement entre autres, elle a moins de scrupules à leur faire la leçon ! Ne pourrait-elle aussi ouvrir davantage le marché européen aux produits en provenance de Palestine, dont beaucoup sont vendus sous label israélien ?

Pour le Mouvement Ouvrier Chrétien, la cause palestinienne est une cause importante au même titre que d’autres causes de libération à travers le monde. Mais, la cause palestinienne est plus proche que beaucoup d’autres. C’est un pays petit par la superficie, mais immense par l’histoire qu’il contient et dont nous sommes aussi les héritiers. L’amitié pour le peuple palestinien n’est en rien marquée par l’antisétisme dont on affuble un peu vite tout qui contredit la politique d’Israël. Mais de ce point de vue, l’opinion publique est en pleine évolution. Le jour anniversaire de la mort de Naïm Khader, le Ministre de l’Intérieur, Louis Michel, écrivait à Pierre Galand, président de l’Association Belgo-Palestinienne, être aujourd’hui le témoin privilégié des résultats de l’action de Naïm Khader. Celui-ci, dit-il, “a jeté les bases solides de la vaste solidarité qui lie aujourd’hui les peuples belges et palestiniens… Peu d’ambassadeurs peuvent se vanter d’avoir laissé un héritage de relations et de sympathie aussi vaste…”. Alors que la Palestine vit aujourd’hui une des pages les plus noires de son histoire, le Ministre affirme encore ne pouvoir oublier “la détresse des Palestiniens (…) vus à Gaza et au camp Khanyounis” et s’engager activement, durant la présidence européenne belge dans la défense d’un Etat Palestinien souverain (2).

Christian Van Rompaey

  (7 juin 2001)

(1) On peut lire l’ouvrage rédigé par Robert Verdussen de La Libre Belgique : Naïm Khader – Prophète foudroyé du peuple palestinien, Editions “Le Cri”, Bruxelles 2001 (850 FB).