Jeunes
(16 octobre 2008)
Faire la
fête, s’amuser et
se préserver
“Ce
soir, on sort…, on fait la fête, on s’éclate”. Au risque de la “mé-fête”, de
la “dé-fête”(1)? Il sera moindre pour les noctambules et
autres joyeux fêtards de certaines soirées bruxelloises à qui sont proposés
des services axés sur le bien-être. Pour que la fête soit complète sans
lendemains qui déchantent.
Ils
sont treize aujourd’hui, un an après le début du projet, treize lieux
majeurs des nuits festives bruxelloises à s’être engagés dans des services
utiles à la santé et au bien-être de leurs noceurs. Ces discothèques, salles
de soirées et fêtes itinérantes (2) portent un label de
“Quality nights”, label pour la réduction des risques.
L’initiative revient à
Modus Vivendi et à son projet Modus Fiesta. L’asbl est une habituée des
milieux festifs. Active dans le domaine de prévention du sida et auprès des
usagers de drogues, l’équipe de Modus Vivendi sillonnent les soirées, sans
discours moralisateur ni banalisant mais dans une perspective de réduction
des risques. Considérant qu’une société sans drogues n’existe pas, il s’agit
pour l’association d’en prévenir les dommages, de compléter les dispositifs
de prévention et de traitement. En 2001, elle mène l’enquête sur la
possibilité d’intervenir en milieu festif, s’interroge sur le “comment ?”.
Voit le jour alors cette
idée d’une charte signée par les milieux festifs, d’une réponse s’appuyant
sur les acteurs eux-mêmes. Après une première tentative en 2003, le projet
est remis en piste en 2007. Il obtient le soutien du ministre bruxellois
francophone de la Santé, Benoît Cerexhe. Au départ des discothèques, la
charte élargit son champ d’action, elle ira en diversifiant les lieux. Au
départ des préoccupations axées sur l’usage de drogues, elle ira vers
d’autres facteurs de risques comme ceux des nuisances sonores par exemple.
Le label
garantit aujourd’hui la disponibilité de six services :
►
l’accès à de l’eau gratuitement. Ceci afin
d’“éviter les risques de déshydratation, plus élevés lorsque l’on
danse dans une ambiance surchauffée”. |
►
la mise à disposition de préservatifs à
prix modique (entre 50 centimes et 1 euro la pièce). |
►
la distribution de bouchons d’oreille (soit
gratuitement, soit à un prix oscillant entre 25 centimes et 1 euro).
Car la musique amplifiée à haut volume comporte des risques pour les
oreilles. Bourdonnements, sifflements voire surdité, peuvent être le
lot des danseurs du samedi soir, s’ils n’y prennent garde.
|
► Une
sélection de brochures d’informations et une indication des
différents services disponibles, ainsi que leurs emplacements.
|
► Un
personnel sensibilisé à la question des nuisances sonores, à la
réduction des risques liés à l’usage de drogues dont l’alcool,
initié aux premiers gestes d’urgence, à la gestion de conflits.
|
►
Un système d’alerte en cas de circulation de drogues à hauts
risques, de produits fortement dosés ou coupés avec des substances
douteuses. “Lorsque l’on constate en Belgique la circulation de
produits psychotropes particulièrement dangereux, affiches et flyers
d’information sont rapidement diffusés dans les halls d’entrées ou
les toilettes de chaque lieu”. |
D’autres services dits
“bonus” agrémentent parfois ce panel, et sont également valorisés par le
label : un accès aux personnes à mobilité réduite, des stands d’informations
sur les drogues, des salles de repos à l’ambiance apaisante, un système
d’urgence médicale (présence d’un médecin ou d’un infirmier sur place ou
contact privilégié avec un médecin de garde…), des salles non-fumeurs, un
système de retour à domicile pour permettre aux fêtards de rentrer entier à
la maison.
Fiesta en Wallonie?
L’offre est large, et ne
manque pas de dépasser les frontières de la Capitale. Quality nights
s’implante en Région wallonne. Dans le courant du mois de novembre, les
“mégadancings” du Tournaisis afficheront leur labellisation. D’autres
devraient suivre, tandis que le projet est évalué sur Bruxelles après un an
de fonctionnement. Les services sont-ils toujours offerts dans les lieux
signataires de la charte ? Malgré le turn-over, le personnel des dancings
est-il informé, formé ? Les services sont-ils suffisamment visibles pour le
public ? Sont-ils utilisés ? Actuellement les sondages divers permettent une
appréciation positive, d’autant qu’il est question d’encourager à prendre de
nouvelles habitudes. Et l’avenir semble prometteur.
Catherine Daloze
Infos :
www.qualitynights.be
(1) voir Les Cahiers de Prospective Jeunesse, n°35 –
www.prospective-jeunesse.be/
(2) Bulex, Fuse, Halles de Schaerbeek, Jeux d’Hiver, Magasin
4, Mirano, Némo, Recyclart, Ric’s Art Boat, Structure Béton, You, Botanique
et Courant d’Air.
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