La santé publique
(7 mai 2009)
La santé
des Wallons
sous toutes les coutures
Un
Observatoire wallon de la santé, d’aucuns l’attendaient de longue date afin
d’améliorer le pilotage des politiques de santé en Wallonie. Bénéficiant de
l’expertise de l’Observatoire de la santé du Hainaut, il vient de poser ses
premiers pas. Cette première action prend la forme d’une publication
consistante et brossant large: le tableau de bord de la santé en Région
wallonne.
De
l’espérance de vie aux maladies cardio-vasculaires, de la santé mentale aux
consultations médicales, de la consommation de médicaments à la nutrition,
des allergies à l’impact des métaux lourds sur la santé… le tableau est
panoramique et comporte de multiples entrées. Elles devraient intéresser les
décideurs, les acteurs de la santé mais l’intention est aussi d’informer un
large public, remarque Véronique Tellier, co-auteure du Tableau. Si tous ne
s’attèleront assurément pas à la lecture des chiffres par le menu, le
Tableau de bord constitue une base chiffrée fiable pour multiplier les
présentations de vive voix sur des thèmes variés, et accompagner les
discussions entre citoyens. Le Tableau fournit ainsi une série d’ingrédients
en vue de préparer l’action. Car c’est bien là le dessein: servir à agir.
Manne de données
Afin de présenter cette
photographie de la santé wallonne et de ses déterminants, les auteurs ont
rassemblé, compilé et analysé les données disponibles. Et de constater que
l’accessibilité de données actualisées n’est pas toujours évidente. Par
contre, parmi les sources d’info, l’Enquête nationale de santé par
interviews – qui a lieu tous les quatre ans – constitue une véritable mine
d’or. Si elle donne des indications sur l’état de santé “perçu”, celui-ci
apparaît comme très proche de l’état de santé réel. Avec un bémol, la
perception est d’autant plus proche de la réalité que les personnes ont une
bonne estime d’elles-mêmes et se réfèrent moins au hasard pour expliquer
leur état de santé.
Une fois les données
récoltées, les auteurs ont ensuite construit des indicateurs afin de mesurer
l’ampleur des phénomènes, de permettre les comparaisons territoriales ou
entre différents sous-groupes de population, de mesurer les associations
entre différents facteurs ou encore de percevoir les tendances dans le
temps.
Quelques exemples de ce
que l’on peut découvrir au fil des pages:
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Les principales causes de décès sont actuellement des maladies
du système circulatoire (environ 30% du total des décès) et des cancers (25%
des décès). Et Véronique Tellier de remarquer qu’une personne sur deux
développera un cancer dans sa vie.
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Le surpoids mesuré via l’Indice de masse corporelle, touche
54,6% des hommes de 18 ans et plus, et 42,2% des femmes aux mêmes âges. Le
phénomène est connu mais il est également utile de se pencher sur l’autre
versant: la maigreur. La minceur est plus fréquente chez les jeunes
et en particulier chez les femmes (6,5 % des femmes en moyenne). «Cet
état peut être associé à des conduites alimentaires restrictives liées,
entre autres aux pressions de la mode et des critères que celle-ci véhicule
au travers des médias», précise la publication.
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6,0% des hommes et 8.4% des femmes déclarent avoir consommé des
tranquillisants au cours des deux semaines précédant l’Enquête de santé
en 2004. «Ces proportions sont globalement du même ordre que la
proportion de personne présentant des symptômes de troubles anxieux»,
précise le Tableau de bord.
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Chez les personnes âgées, la consommation de médicaments est
plus basse quand elles vivent en famille, intermédiaire quand elles vivent
seules, plus élevée quant elles résident en institution.
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«La fréquence des allergies a augmenté au cours des 50
dernières années». Plusieurs hypothèses sont avancées. Elles sont
relatives à la pollution de l’air, au développement de la chimie, aux
changements climatiques, à l’insuffisance d’aération et de ventilation des
habitations… Deux zones géographiques montrent une forte consommation
d’antihistaminiques: le Hainaut et l’Entre-Sambre et Meuse d’une part, les
arrondissements de Huy-Waremme d’autre part...
Une dualisation de la santé
Les données
épidémiologiques telles que présentées rappellent en filigrane les liens
entre santé et facteurs socio-économiques. Ainsi la presse quotidienne
n’avait pas manqué, au moment de la parution du Tableau de bord, de titrer
sur l’espérance de vie plus élevée en Flandre. Mais, remarque Véronique
Tellier, les différences entre le Hainaut et le Brabant wallon sont encore
plus élevées qu’entre Flandre et Wallonie. La botte du Hainaut et la région
de Couvin ont des caractéristiques particulières, comme par exemple un
recours moins régulier à la médecine générale. Si le Tableau de bord de la
santé répond aux questions du “combien?”, du “qui” et du “où?”, il ne
s’avance pas sur la question du “pourquoi” ou du “comment”. Il n’envisage
pas non plus les pistes d’action, à ce stade. Véronique Tellier invite à la
modestie vis-à-vis des chiffres: ils ne prendront sens que confrontés aux
réalités, aux expériences de professionnels de la santé… Les hypothèses
peuvent être nombreuses et les solutions passent par une bonne connaissance
du terrain: les histoires, ce qui a déjà été mis sur pieds, les ressources,
les alliés potentiels sont toujours particuliers. Par ailleurs, la vigilance
est de mise dans le croisement des données. Montrer une association entre
deux facteurs ne signifie pas pour autant qu’il y ait causalité. L’intérêt
est alors évident pour l’Observatoire de poursuivre son travail. Surtout
s’il s’attache à remplir un de ses objectifs, celui de mettre en évidence
les inégalités sociales de la santé pour contribuer à les diminuer.
Catherine Daloze
Le
Tableau de bord de la santé en Wallonie
est consultable sur
http://socialsante.wallonie.be
Plus
d’infos:
081/32.74.51.
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