Santé
(3 décembre 2009)
Le KCE, un
centre d’expertise
pour une politique de santé efficiente
Ce 1er
décembre, Raf Mertens, médecin épidémiologiste, a quitté la direction du
département de Recherche et Développement de la Mutualité chrétienne pour
assurer la direction générale du Centre fédéral d’expertise de soins de
santé (KCE) (1). L’occasion pour En Marche d’expliquer la
mission de cet organisme autonome dont la renommée dépasse largement nos
frontières.
Les
dépenses de santé sont en croissance constante dans nos sociétés
occidentales. En vingt-cinq ans, elles ont plus que triplé en Belgique. Les
causes sont bien connues: coût élevé des nouvelles technologies et des
nouveaux médicaments, augmentation des besoins en soins de santé en raison
du vieillissement de la population, croissance des besoins et du coût en
personnel de santé mais aussi une certaine médicalisation de l’existence...
Cependant, les budgets publics disponibles ne sont pas extensibles. Dans
notre pays, la croissance des budgets de soins de santé est limitée à 4,5%
par an hors inflation. Que l’on considère cette norme confortable ou
insuffisante, elle constitue une contrainte à laquelle il faut soumettre
l’évolution des dépenses afin d’assurer une affectation optimale des deniers
publics. Dans la plupart des autres pays européens, le problème se pose
d’ailleurs de façon similaire.
Le KCE: la recherche appliquée au service de la décision politique. |
Dès lors, en 2003, le
ministre fédéral de la Santé, Franck Vandenbroucke, a décidé de doter notre
pays d’un centre d’expertise qui puisse mener des analyses et études
scientifiques dans le domaine des soins de santé, en toute indépendance par
rapport à tous les acteurs. Le but étant de fournir aux responsables
politiques des avis les plus objectifs possible, fondés sur des données
validées et sur les connaissances les plus récentes.
La mission du KCE est
donc d’aider les responsables à prendre les décisions qui permettent
d’utiliser au mieux les moyens budgétaires disponibles dans le secteur des
soins de santé avec comme soucis premiers de garantir la plus grande
accessibilité à tous les usagers et de préserver le plus haut niveau de
qualité des soins de santé. Le KCE n’intervient pas dans les décisions
elles-mêmes, ni dans leur mise en œuvre, mais il formule, sur base de
travaux scientifiques, des recommandations à l’égard des décideurs.
Des domaines
d’étude variés
Actuellement, l’équipe
du KCE, organisme d’intérêt public, compte environ 50 collaborateurs, dont
35 experts de haut niveau, neutres, spécialistes de diverses disciplines:
médecine, économie, sociologie, droit, statistique, analyse de données,
gestion des connaissances…
Plus de 120 études ont
été menées jusqu’ici, bien souvent en collaboration avec des experts
externes (Agence Intermutualiste, universités, cliniciens et autres experts
de terrain).
Ces études peuvent être
réparties en trois domaines d’investigation:
■ la formulation de “bonnes pratiques
cliniques”,
■
l’évaluation des
technologies médicales et des médicaments,
■
l’étude de
l’organisation et du financement des systèmes de soins.
Le choix des études
effectuées par le KCE est établi sur base de critères rigoureux et
transparents: la faisabilité méthodologique, les gains en santé attendus, le
rapport cout-efficacité et le soutien à la politique des soins de santé. Ce
dernier critère donne une priorité naturelle à la Ministre des Affaires
sociales mais également à l’Inami et au Service Public Fédéral de la Santé
Publique. Toutefois, quiconque s’intéresse aux soins de santé leur coûts,
leur organisation, la manière dont ils sont dispensés peut introduire une
proposition de projet d’étude auprès du KCE qui les traite toutes de la même
manière.
Une bonne allocation
des moyens
Quel est l’impact des
résultats des différentes études sur les décisions prises? Raf Mertens
répond: «Le KCE donne des avis scientifiques aux décideurs politiques
mais ceux-ci doivent aussi tenir compte des aspects juridiques, sociaux,
éthiques pour prendre des décisions. Il est normal que tous les rapports du
KCE ne fassent pas l’objet de décisions immédiates. Mais en tout cas, ils
mènent à un dialogue et à une confrontation des idées».
Christian Léonard,
directeur de programmes d’étude au KCE ajoute: «Tout dépend des études et
du type de recommandations formulées. Certaines peuvent être rapidement
suivies d’effet comme par exemple celle relative aux implants inter-épineux
dont le remboursement n’a pas été recommandé. La recommandation positive
était au contraire positive quant au remboursement du vaccin contre le
cancer du col de l’utérus pour les adolescentes».
Des rapports
sur les bonnes pratiques
Pour mesurer
scientifiquement l’impact des recherches sur les décisions politiques, le
KCE a commandé une étude à un organisme d’études hollandais indépendant dont
les résultats sont attendus prochainement.
Cela étant, au KCE, on a
le sentiment que la plupart des études suscitent un intérêt certain. Les
médecins sont généralement intéressés et satisfaits de prendre connaissance
de rapports sur les bonnes pratiques. Les prestataires et les experts de
terrain sont impliqués dans les études et peuvent ainsi mieux s’approprier
les résultats.
La qualité et la rigueur
du travail de l’équipe du KCE sont également reconnues au-delà de nos
frontières. Les études font référence dans le monde entier et le centre
fédéral d’expertise figure déjà parmi les cinq meilleures agences au niveau
international. Le nouveau patron du KCE, Raf Mertens, entend bien poursuivre
sur la même voie en ce qui concerne l’excellence et la qualité scientifique
des études.
Joëlle
Delvaux
(1) Raf Mertens était membre du Conseil d’administration du
KCE depuis la création de celui-ci, en tant que représentant de l’Agence
intermutualiste. Il est remplacé à la direction du service de Recherche et
Développement à la Mutualité chrétienne par le Dr Michael Callens, que nos
lecteurs connaissent pour apprécier ses articles sur la santé et
l’alimentation dans “En Marche”. Depuis de nombreuses années, le Dr Callens
était spécialisé dans la promotion et la prévention de la santé à la
Direction médicale de la Mutualité chrétienne. En outre, il est le président
de la fondation Registre du Cancer.
Pour en
savoir plus sur
le Centre fédéral d’expertise en soins de santé, rendez-vous sur
http://kce.fgov.be - Tél.: 02/287.33.88.
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