Santé publique
(2 février 2012)
Implants mammaires : haro sur le
bradé, non certifié
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© Associated Press/Reporters |
Les prothèses mammaires PIP (Poly Implant
Protheses) provoquent l’inquiétude. Les autorités belges conseillent aux
femmes concernées de consulter leur chirurgien et poursuivent l’enquête.
Depuis avril 2010, l’Agence belge pour les médicaments et
les produits de santé (Afmps) a demandé aux distributeurs d’implants
mammaires PIP, aux pharmaciens, aux médecins et aux personnes qui en
détiennent, d’arrêter la distribution, la délivrance, l’utilisation et
l’exportation des implants mammaires PIP. A l’époque, la société PIP
commercialisant dans 65 pays, est par ailleurs en faillite. Ce sont les
autorités françaises qui avaient donné l’alerte. Elles avaient découvert que
la société PIP utilisait du gel de silicone non conforme (de type
industriel) pour remplir ses implants, en lieu et place de gel “medical
grade”. Et ce, pour des raisons de coût. “Les dirigeants de l’entreprise
sont sous le coup de poursuites pénales pour tromperie”, indique la
ministre belge de la Santé. Si les tests menés jusqu’ici n’ont pas établi de
risques graves pour la santé des patientes munies de ces prothèses, ils ont
révélé le pouvoir anormalement irritant du gel utilisé ainsi que des risques
élevés de rupture et de suintement, la fragilité des enveloppes.
Une fragilité anormale. Car, explique la Société belge de
chirurgie plastique (RBSPS), toutes les prothèses de ce type ont une durée
de vie qui n’est pas infinie. “On parle généralement d’une demi-vie
(durée à partir de laquelle 50% des implants sont rompus) de 12 à 15 ans
selon les implants”. C’est une des raisons pour lesquelles ces
chirurgiens recommandent de réaliser un contrôle radiologique – échographie
– tous les deux ans. Dans le cas des prothèses PIP – éventuellement
commercialisées par Rofil ou Philoderm Aesthetics ou sous le nom de
M-Implant – le danger vient des ruptures précoces et du gel de mauvaise
qualité ainsi répandu. Le scandale se trouve dans l’attitude consciemment
frauduleuse que la firme semble avoir adoptée.
Si les chiffres de 674 prothèses PIP implantées en Belgique(1)
et de 7 notifications d’incidents circulent, “ni les pouvoirs publics,
ni les professionnels de la santé n’ont, pour le moment, d’idées précises
sur le nombre total de femmes implantées en Belgique”, précise l’Afmps.
Les semaines et mois qui viennent pourraient nous en apprendre davantage,
l’AFMPS continuant aussi ses investigations. Assurément, le contrôle et la
traçabilité des implants – de tout type – sera aussi à l’ordre du jour des
instances politiques. Et ce dans le sens d’un renforcement des critères
d’agrément des dispositifs médicaux, actuellement moins contraignants que
pour les médicaments.
//CD
(1) La majorité serait placée à des fins
esthétiques. 10% pour de la reconstruction mammaire.
>> Le call
center du SPF Santé publique – 02/524.97.97 (joignable entre 8 et
17h) est mobilisé pour répondre aux questions des patientes sur la
problématique, tandis que le site de l’Afmps – www.fagg-afmps.be/ - reprend
dans le détail la problématique, les recommandations, les remboursements…
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