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La santé des enfants (5 septembre 2013)

Vous avez dit “psychomotricien” ?

© Phanie/Reporters

Sur prescription d’un médecin généraliste, d’un pédopsychiatre, d’un neurologue, ou à la suggestion d’un instituteur…, il est parfois conseillé aux parents d’emmener leur enfant auprès d’un psychomotricien. Il peut être aussi suggéré à une personne plus âgée d’expérimenter ce type de prise en charge. Il ne s’agira pas de suivre une initiation sportive quelconque ou une psychothérapie. Mais bien d’une prise en charge paramédicale où le corps – souvent remisé au second plan – joue là un rôle central.

"Tout commence par un rituel: on se dit bonjour. On se parle un peu. Puis la séance démarre. Elle est marquée par la spontanéité, raconte Martine Henet, psychomotricienne, quand elle évoque une partie de son travail comme indépendante avec les enfants. Différents objets sont disposés dans la salle. Des tapis, des cubes, des cordes, un miroir, des balles, un hamac…” Le jeu y est central. Ici, il est recommandé, loin du culte de la réussite, loin des jeux intellectualisants ou sur écran. Les tissus, les peluches, les mousses invitent à apprendre avec le corps, à inventer, à imaginer, à entrer en relation…

Place à l’imaginaire, au mouvement, à la spontanéité. La construction d’une cabane, par exemple, en dit souvent plus qu’un long discours. Elle peut être le reflet de ce que l’enfant ressent : quand la maison ne contient qu’une seule place toute serrée, quand ses murs sont très épais et qu’il faut passer par des pièges pour y arriver, quand elle prend la forme d’une tour et n’a pas d’intérieur… Le jeu permettra de mettre des mots là où l’enfant ne peut en mettre, explique Martine Henet. Et de préciser : il ne s’agit pas d’interpréter mais bien de sous-titrer des comportements ou des émotions.. “En se disant au revoir, j’invite souvent l’enfant à exprimer ce qu’il a ressenti. Je lui propose de dessiner ce qu’il a joué”. On le comprend: la psychomotricité ne se résume pas à des exercices de gymnastique. Le corps en mouvement sera amené à intégrer les notions d’intérieur/extérieur, d’avant/maintenant/ après. Une aide à s’inscrire mieux dans le temps et l’espace. De l’avis de Jean-Pierre Yernaux, psychomotricien et formateur, très engagé dans l’Union professionnelle francophone : “La psychomotricité est un peu le théâtre symbolique où l’on joue la vie, dans une implication relationnelle et corporelle du patient et du psychomotricien”.

Pas que les petits

A côté des consultations pour les enfants, la psychomotricienne Martine Henet travaille également dans un service de santé mentale et à l’Irsa (Institut royal pour sourds et aveugles). Les jeunes enfants ne sont, en effet, pas les seuls concernés par la psychomotricité. Certes, les psychomotriciens sont particulièrement sollicités par le secteur de la petite enfance, mais ils le sont également dans le champ du handicap ou auprès des personnes âgées. Avec l’enfant, ils participeront à construire son identité; avec la personne âgée à conserver du mouvement et de l’autonomie; avec la personne handicapée à développer la communication et à s’intégrer dans la vie sociale. Martine Henet explique comme elle agit avec un groupe d’adolescents de manière un peu différente d’avec les plus petits. Ils exploreront davantage des techniques corporelles de relaxation, de gestuelle, de danse, de massage… En décrivant son travail, elle évoque ces jeunes porteurs d’un handicap qui ont parfois peur de se coucher au sol tout simplement.

Harmonie corps-esprit

Partir du versant moteur pour remonter à l’origine des troubles et permettre un mieux-être corporel en favorisant un mieux-être psychique(1), voilà traduit à l’attention des futurs psychomotriciens le dialogue qui fonde leur prochain métier. Le mot “psychomotricité” l’indique par lui-même: les techniques à l’œuvre relieront “psycho” (l’esprit, l’âme) et “motric” (le geste, le mouvement, le corps, les sens). Là où nos modes de vie ont sans doute trop tendance à privilégier la tête et délaisser le corps, la psychomotricité privilégie la stimulation des sensations physiques, le passage par le corporel.

Elle a pour objectif “d’aider à (ré)habiter son corps”, résume Jean-Pierre Yernaux. Comme l’explique Martine Henet de manière imagée, la psychomotricité travaille les “fondations”, aide à les rendre plus solides quand elle sont fragiles, à les (re)construire quand elles ont été cassées.

A l’école maternelle

Les éducateurs semblent l’avoir compris: développer la sensorialité, le mouvement, le rapport à autrui fait partie d’un projet éducatif. Et l’éducation psychomotrice a un rôle à jouer dans le développement de l’enfant. En Fédération Wallonie- Bruxelles, l’organisation d’activités de psychomotricité est obligatoire pour les écoles ou implantations maternelles. Un encadrement spécifique est octroyé à cet effet. “La sédentarité menace la santé psychique et physique des futurs citoyens, commente l’Administration de l’enseignement. Les apprentissages construits par le mouvement dans des contextes adéquats favoriseront, chez les élèves, un épanouissement optimal”.

Soin et thérapie

Au-delà du cadre éducatif conçu pour tous, la psychomotricité peut être également envisagée pour tenter de remédier à des difficultés particulières. Problèmes d’apprentissage, retards de développement, troubles de l’équilibre, difficultés de coordination motrice, problèmes d’attention, ou encore troubles du comportement : le champ d’actions des psychomotriciens est large. Dans certains cas de figure, une partie de leurs interventions sont remboursées par la Mutualité(2).

On trouve des psychomotriciens dans les services psycho-médico-pédagogiques, les centres de guidance et de santé mentale, les crèches, les écoles maternelles, mais aussi dans les services de gériatrie, de psychiatrie, dans les centres de rééducation et de réadaptation pour enfants et adultes. Certains pratiquent des consultations comme indépendant. D’aucuns privilégieront une pratique davantage neuro-motrice, d’autres plus psychologique voire psychanalytique. Différentes écoles cohabitent. Au carrefour de plusieurs professions, la psychomotricité continue de préciser ses apports, d’évoluer en complémentarité avec les soignants qui entourent les patients, avec les éducateurs qui accompagnent les enfants.

//CATHERINE DALOZE

(1) D’après la fiche métier établie par le Service d'information sur les études et les professions (Siep) – http://metiers.siep.be/

(2) Informations auprès de votre conseiller mutualiste, au 0800 10 9 8 7 ou sur www.mc.be

Vers plus de reconnaissance du métier

Voici un an, une formation spécifique de bachelier paramédical en psychomotricité voyait le jour en Belgique francophone. Jusqu’alors, la formation de psychomotricité, en Communauté française, était assurée par un post-graduat paramédical ou par une spécialisation pédagogique destinée aux éducateurs spécialisés, aux ergothérapeutes, aux kinésithérapeutes, aux logopèdes, aux instituteurs... Cette spécialisation demeure. Mais en termes de formations, la Belgique francophone était plutôt à la traine, malgré l’essor important de cette approche par le corps, depuis une trentaine d’années. D’autres pays européens – la France, la Suisse, l’Italie, le Danemark…, organisent de longue date un baccalauréat professionnalisant en psychomotricité.

Pour la deuxième année consécutive donc, huit écoles en Fédération Wallonie- Bruxelles (4 établissements de l’Enseignement supérieur de promotion sociale et 4 de l’enseignement de plein exercice) formeront les étudiants dans cette filière. On manque encore de recul pour en dresser le bilan. Les premiers diplômés sortiront en 2015. Néanmoins, le taux d’inscription au démarrage indique un certain succès, avec quelque 500 inscrits. Comme pour de nombreux métiers paramédicaux, les écoles belges accueillent un certain nombre d’inscrits d’origine française. La mise sur pied de cette formation de base participe de la volonté portée, depuis les années 80, par l’Union professionnelle des psychomotriciens francophones (www.upbpf.be) de voir reconnaître davantage, au sein de la santé publique belge, le métier de psychomotricien, sa spécialité, sa complémentarité avec d’autres professions paramédicales et éducatives. Elle vise l’harmonisation des pratiques et marque un pas supplémentaire dans le développement du métier. Elle facilitera la mobilité des travailleurs dans les pays francophones comme la France, la Suisse, le Luxembourg où le psychomotricien est reconnu comme profession paramédicale.

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