Prévention
(6 décembre 2012)
Cancer du sein et facteurs
de risque
Veiller à son mode
de vie |
En termes de
prévention, les soignants se coalisent autour d’un message adressé à
l’ensemble des femmes : adopter une meilleure hygiène de vie en contrôlant
son poids, en pratiquant régulièrement de l’activité physique, en modérant
sa consommation d’alcool. L’alimentation est au cœur des déterminants de la
santé, rappelle le professeur Vincent Castronovo de l’ULg. Très pragmatique,
lors d’un colloque consacré aux enjeux de la prévention et du dépistage du
cancer du sein(1), il a dressé une liste de conseils : manger lentement et
mastiquer, manger beaucoup de fruits et légumes, du poisson gras plusieurs
fois par semaine, des aliments à base de soja, limiter la viande rouge à une
fois par semaine, préférer les huiles de colza et de soja, éviter les sucres
rapides, vérifier et optimiser son taux de vitamine D...
(1) Colloque
organisé par le groupe CDH au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
le 25 octobre 2012. Suivre le travail parlementaire en cours sur
www.pcf-cdh.be |
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© Serge Manceau/Belpress |
L’annonce
d’un cancer du sein s’apparente à un basculement dans la vie. De nombreuses
femmes en témoignent. Mieux vaut détecter ce cancer à temps pour le soigner
efficacement. Un préalable s’impose: être correctement informée des risques,
connaître les conseils de prévention et de dépistage.
Les données relatives aux cancers du sein se
multiplient. La recherche poursuit l’exploration et
l’affinement des traitements et de la prévention. Les facteurs susceptibles
d’augmenter le risque de développer cette maladie sont mieux identifiés.
Mais ils restent mal connus des principales concernées. “Connaître les
facteurs de risque permet à la femme d’être proactive et de mieux gérer sa
santé, si elle le souhaite, notamment en adaptant la fréquence des examens
au regard du risque relatif qu’elle encourt”, indique le Docteur
Fabienne Liebens, gynécologue et oncologue du CHU Saint- Pierre à Bruxelles.
Mesurer les
risques
Quand on parle de
“facteur de risque”, une précision essentielle s’impose. On entre dans le
champ des probabilités de développer la maladie, pas dans celui des
certitudes. Il s’agit pour chaque personne de les analyser, forte d’un
savant dosage de vigilance et de confiance.
Certaines
connaissances médicales permettent de baliser le terrain. D’abord, le risque
est plus élevé pour une femme que pour un homme. En Belgique, le cancer du
sein touche 9.500 femmes par an et une centaine d’hommes – on a tendance à
oublier ces derniers. Ensuite, il est établi qu’avec l’âge, le risque
augmente : de un pour 2.000 à 30 ans, il grimpe à un pour 13, à 70 ans.
Enfin et surtout, on distingue trois groupes de femmes à “haut risque”,
précise le Docteur Liebens. “Celles porteuses d’un gène de
prédisposition héréditaire au cancer du sein, celles qui ont une histoire
familiale avec beaucoup de cas de cancers du sein et celles qui présentent
certaines maladies bénignes du sein, considérées comme précancéreuses. Un
quatrième groupe voit son risque augmenter (mais de manière moindre que les
précédents) : celui des femmes présentant une densité mammaire élevée(1).”
Il est conseillé,
si l’on constate plusieurs cas de cancers du sein dans sa famille et surtout
s’il s’agit de parentes proches (mère, fille, sœur), d’en parler avec son
médecin. “Il est le mieux à même de conseiller et de proposer
éventuellement de consulter un centre spécialisé qui évaluera, avec la
personne, l’opportunité de réaliser un test génétique”, recommande le
Docteur Liebens, tout en précisant que pratiquer un tel test n’est jamais
anodin, qu’il est important de réfléchir anticipativement aux conséquences
potentielles. Médicalement parlant d’abord, une prédisposition génétique
avérée posera la question douloureuse d’une chirurgie mutilante. Tandis que
la sphère familiale ne sera pas épargnée par ces tests (demandes de tests
auprès des proches, futures grossesses...).
Tout risque
familial ne signifie pas un risque génétique. Effet du hasard, d’un mode de
vie commun, facteur héréditaire ou association de ces éléments…, il n’est
pas facile de le déterminer. Une chose est sûre : “le risque de
développer un cancer du sein augmente si une parente au premier degré en a
déjà été atteinte, en particulier si le diagnostic a été posé avant la
ménopause”.
Suivre les
conseils de dépistage
En Fédération
Wallonie-Bruxelles, les autorités publiques organisent le “mammotest”,
programme de dépistage du cancer du sein, à destination des femmes entre 50
et 69 ans. Ce sont les données de santé publique qui ont amené à organiser
un dépistage systématique (tous les deux ans) pour ces femmes. Il est
gratuit. Il consiste en une mammographie réalisée dans les Unités agréées,
certifiées pour la qualité de l’examen (en pratiquant notamment la double
lecture). Cela ne signifie évidemment pas qu’avant 50 ans et après 70 ans,
les femmes ne doivent jamais subir une mammographie de dépistage. Il revient
au médecin traitant ou au gynécologue d’envisager l’opportunité d’une telle
démarche. Et de prendre une décision éclairée, à la lumière notamment des
facteurs de risque expliqués ci-dessus. Un équilibre à garder entre sur- et
sous-traitement. A la fois, la tâche de sensibilisation est grande, au
regard des faibles taux de participation au mammotest en Régions wallonne et
bruxelloise (9% de la population concernée). A la fois, il est aussi à
craindre parfois un sur-diagnostic (c'est-à-dire la mise en évidence d’un
cancer qui ne se serait pas manifesté en l’absence de dépistage) ou la
confrontation à des faux-positifs entraînant des examens complémentaires
sans déboucher sur un diagnostic de cancer. Tout l’enjeu est de “sauver
les vies de quelques femmes sans soumettre à une contrainte inutile
l’ensemble de celles qui n’en retireront pas de bénéfice”, remarque le
professeur Anne Vandenbroucke, coordinatrice du Centre communautaire de
référence pour le dépistage des cancers.
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CATHERINE DALOZE
(1) Les seins
sont considérés comme denses quand ils se composent d’une plus grande
quantité de glandes et de tissus de soutien que de graisse.
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