Médicaments (5 avril 2012)
Médicaments moins chers
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© Pierre Rousseau/Belpress |
Cela peut
paraître étonnant, mais les économies peuvent aussi avoir des conséquences
positives. Dans certains cas, nous devrons bientôt dépenser moins pour nos
médicaments. Le pharmacien proposera en effet plus souvent une variante
moins chère.
En moyenne, chaque Belge
dépense annuellement 550 euros en médicaments (chiffres de 2009). Il en paie
218 euros de sa poche et le reste est pris en charge par l’assurance soins
de santé obligatoire. Ces chiffres sont plus élevés que dans le reste de
l’Europe. À titre de comparaison, le Hollandais a dépensé en moyenne 401
euros en 2009. Les médicaments sont souvent plus chers dans notre pays et
nous en consommons également davantage. Pour réduire les coûts, le
gouvernement fédéral a adopté une série de mesures qui profiteront tant au
patient qu’à l’assurance soins de santé. Nous vous détaillons ci-dessous ces
nouveautés.
Délivrer le
moins cher
De nombreux
médicaments se déclinent en plusieurs variantes. Ces variantes diffèrent en
forme, couleur, goût ou mode d’administration, mais les effets sont
identiques, car ils contiennent le ou les mêmes principes actifs, en même
quantité. Le prix de ces variantes peut fortement différer selon les
fabricants. Sur le marché, les médicaments les moins chers sont généralement
des génériques.
Quand le médecin
prescrit un médicament, il peut le faire sous le nom de marque ou sous le
nom du principe actif (la molécule). Dans le premier cas, le pharmacien est
obligé de délivrer très précisément le médicament renseigné sur la
prescription. Dans le second cas (nom du principe actif), le pharmacien peut
choisir avec le patient parmi les médicaments comportant ce principe actif -
la molécule. Le prix peut entrer alors en ligne de compte. Même s’il est
tout à fait autorisé, aujourd’hui, que le choix ne se porte finalement pas
sur le médicament le moins cher.
Mais cela va
changer. Si le médecin prescrit sous le nom de la molécule (en DCI,
c'est-à-dire "en dénomination commune internationale"), le pharmacien sera
désormais obligé de délivrer le médicament le moins cher. L’Inami dressera
chaque mois une liste des médicaments qui répondent à ce critère économique.
Pour le patient,
c’est une bonne chose. Il est probable que les fabricants baisseront leurs
prix pour figurer sur la liste des médicaments moins chers. Cela permet
également à l’assurance soins de santé de réaliser de substantielles
économies.
Un exemple : le
patient paie 7,58 euros et l’assurance soins de santé 11,82 euros pour un
conditionnement de 56 comprimés de l’hypotenseur Tenormin 100 mg. Mais si on
remplace le Tenormin par le médicament le moins cher avec le même principe
actif, le patient ne doit plus débourser que 2,90 euros et l’assurance soins
de santé 9,71 euros.
Le cas des
antibiotiques et des antimycosiques
Pour les
antibiotiques (utilisés contre les infections bactériennes) et les
antimycosiques (utilisés contre les infections par champignons), les règles
seront encore plus sévères à partir du 1er mai 2012. Même si le médecin
prescrit le nom commercial, le pharmacien devra délivrer l’une des variantes
les moins chères du médicament. Dans ce cas, il est question d’obligation de
substitution.
Seules des raisons
médicales permettront au médecin d’imposer au pharmacien de délivrer malgré
tout un médicament de marque (plus cher). Ce sera par exemple le cas si le
patient est allergique à certaines substances présentes dans des variantes.
Le médecin devra alors le signaler expressément sur la prescription. Il
devra aussi indiquer dans le dossier du patient pourquoi celui-ci doit
recourir à cette marque spécifique.
Approbation
du médecin-conseil
Pour obtenir un
remboursement de l’assurance soins de santé, il est nécessaire, pour
certains médicaments, d’avoir une prescription du médecin, mais également
l’autorisation du médecin- conseil de sa mutualité. Il s’agit souvent des
médicaments les plus récents, parfois onéreux. Des conditions strictes sont
imposées pour leur remboursement. Ces règles légales ont été mises en place
pour garantir au maximum l’efficacité du médicament et assurer la sécurité
du patient.
Le gouvernement
fédéral a décidé que les médecins-conseils devraient contrôler encore plus
strictement ces exigences légales. Il entend ainsi lutter contre les
remboursements indus et garder sous contrôle le budget des médicaments.
Les
médecins-conseils pourront ainsi, par exemple, demander davantage
d’explications au médecin prescripteur. Quoi qu’il en soit de ces contrôles
renforcés, ce qui prime bien entendu est l’intérêt du patient. Si sa
situation correspond effectivement aux conditions légales pour avoir droit
au remboursement d’un de ces médicaments, le patient pourra sans aucun
problème obtenir l’autorisation de son médecin-conseil.
// DIETER
HERREGODTS
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