Maladies
(16 septembre 2010)
Anti-stress
“Le stress, c’est la vie!”, lancent certains. S’agirait-il de s’en
accommoder? A entendre la manière dont nous en parlons, la tendance
serait davantage à le combattre. Déstresser, être zen, rester cool…
autant d’injonctions que nous ne manquons pas de nous répéter au
quotidien. Des petits trucs circulent de bouche à oreille. Des
professionnels s’impliquent.
Derrière le mot stress
Le
stress nous inquiète. D’aucuns vont jusqu’à le compter parmi les maux du
siècle comme on parlait par le passé de la mélancolie, ou aujourd’hui de
la dépression, du diabète ou des maux de dos…. Il est de ces souffrances
qu’un nombre croissant d’entre nous ressentent. Le stress se vit tel un
véritable fléau de notre civilisation moderne.
D’après les
spécialistes, il y a lieu de distinguer le bon stress du mauvais. Le
premier – partie intégrante de nos réactions humaines – stimule, permet
de s’adapter, incite à évoluer. L’autre – négatif – angoisse, tétanise,
est source de mal-être. “Être amoureux provoque un stress intense qui
donne de l’énergie!, explique par exemple l’équipe d’Univers santé
aux étudiants(1). Alors que le stress négatif
provoque la fuite, la paralysie. Il peut donner le sentiment d’être
agressé ou nous rendre anormalement agressif.” Pour illustrer cette
distinction entre bon et mauvais stress, le psychologue Erik Pigani se
risque à une comparaison avec le diamant. Pour devenir diamant, la roche
subit une pression et une chaleur considérables. “Pas assez de
pression et il ne se passe rien (ou presque). Trop et la roche brûle, se
liquéfie. Dans la vie, il en va de même. C’est la pression qui nous
permet de nous dépasser, de donner le meilleur de nous-même, d’extraire
notre diamant intérieur”(2). Mais
attention, les situations stressantes peuvent se multiplier ou atteindre
un degré tel que la tension devient insupportable, voire nuisible.
Quand on évoque le
stress à l’excès, il n’est pas rare d’entendre parler de “burn out”
(littéralement: saturation), et ceci de manière un peu trop expéditive.
Comme le souligne le professeur Corten, spécialiste du stress, le “burn
out” n’est pas à confondre avec l’épuisement physique et mental. Le
“burn out” désigne un syndrome particulier marqué par l’érosion des
émotions positives ou négatives. Pour le détecter, il faut prendre en
compte plusieurs symptômes : épuisement et distance émotionnels,
cynisme, démotivation chez des personnes souvent investies à 200%,
méticuleuses et perfectionnistes.
Exigence de
productivité accrue, compétitivité, concurrence: le monde du travail est
un grand pourvoyeur de stress, remarque-t-on du côté syndical. A
incriminer au premier chef, d’après des spécialistes du stress,
l’organisation contemporaine du travail et son leitmotiv “business is
business”. La sensibilisation va croissant et la littérature regorge de
méthodes de “gestion du stress” à l’intention des travailleurs débordés,
dépassés… Mais le terrain du stress ne se limite pas aux bureaux ou aux
ateliers. Les “sans” emplois ou les jeunes encore aux études ne sont pas
en reste. Car le culte de la performance qui accentue la pression
n’épargne que peu de personnes. Dans nos vies, l’échec s’est fait
insupportable; il n’est même pas envisageable: “je ne peux pas me
permettre de rater, il n’y a rien à apprendre d’un échec”.
Quand
l’empressement, la vitesse, le bruit, l’hypermobilité de nos manières de
vivre s’en mêlent, les exercices de relaxation s’imposent au quotidien.
// Catherine Daloze
(1)
www.univers-sante.ucl.ac.be (rubrique : santé mentale) - tél.
010/47.28.28.
(2) “Ruser avec son stress”, article paru sur le site du
magazine Psychologies -
www.psychologies.com
Astuces pour canaliser le stress au quotidien |
• Apprendre à décoder les pensées “pièges”,
les scénarios catastrophes, pour aller à l’encontre d’un stress
paralysant : “et si jamais… ?”, “serais -je capable… ?”, “je ne
vais pas y arriver”, “que se passera-t-il si … ?”. Et ainsi
privilégier “l’ici et maintenant” et apprendre à agir sur ce qui
dépend directement de soi.
• Prendre garde aux empêchements que l’on se crée soi-même,
dans la représentation de son entourage, par de fausses
représentations que l’on se fait des autres. Bien sûr, il y a
des contraintes, des échéances à respecter… Mais “contrainte” ne
doit pas signifier “tyrannie”. Il faut veiller à ne pas se
donner des objectifs irréalistes. Ne pas vouloir être parfait,
perfectionniste à l’extrême. Savoir lâcher prise, ne pas vouloir
tout contrôler.
• S’imposer une bonne organisation.
Dresser une
liste des choses que l’on doit ou souhaite faire. Définir des
priorités. Accepter que les tâches moins urgentes ne soient pas
réalisées immédiatement. Affronter les problèmes un à un et
persévérer car les habitudes ne se changent pas en un jour.
• Montrer
ses émotions.
Lorsqu’on les exprime, la tension s’atténue. Pour cela, parler
ou écrire tout ce qui passe par la tête peut aider. Ne pas
hésiter à chercher du soutien. Un bon dialogue ou une oreille
attentive atténuent la tension.
• Donner du sens.
Changer ou améliorer son environnement peut aider à évacuer du
stress. Adapter ses projets tout en restant réaliste. Il est
essentiel de garder la capacité de se demander “est-ce que c’est
vraiment mon truc?” ou “est-ce que je tiens à ce projet?”.
• Se donner
les moyens de se détendre,
selon
ce qui convient à chacun. Rire (au moins 2 minutes par jour),
crier, pratiquer une activité physique (régulière), apprendre
une technique de relaxation, respirer profondément, faire le
tour du bloc… Et pourquoi pas rêver et ne rien faire !
>> Plus
d’infos :
consultez le service Infor Santé de votre mutualité.
Leurs coordonnées sont disponibles auprès du 0800/10 9 8 7
Sources : Univers santé et Infor Santé |
Des cliniques
quand le stress devient maladif
Burn-out,
dépression, angoisses ou stress post-traumatique: les Cliniques du
stress peuvent être une solution à ces pathologies de mieux en mieux
cernées. Les patients défilent. Le rythme de vie, l'entourage, le
travail… exercent souvent un impact sur le moral et la tension
quotidienne.
“Il
menaçait la guichetière avec son arme et il m'a saisi le bras pour que
je m'écarte.
Pendant des semaines, j'ai senti sa main sur ma peau. J'avais beau
frotter, masser, essayer de détourner mon attention, cette sensation
désagréable persistait.”, confie Maria. Autre témoignage, celui de
Cédric. “Le travail, c'était toute ma vie. J'étais ce qu'on appelle
un cadre dynamique! J'ai perdu tout mon dynamisme: je ne sais pas
comment retrouver mon élan, ma motivation. Je me sens coupable, ou tout
au moins responsable, d'avoir surinvesti, de ne pas avoir su dire non,
de m'être surestimé ou sous-estimé, peut-être. C'est vrai que les
exigences devenaient toujours plus grandes.” Maria et Cédric se
sont, tous deux, tournés vers les Cliniques du stress pour tenter de
sortir de cet état de tension permanente(1).
Des situations qui
génèrent un stress, chacun d'entre nous en connaît, parfois de manière
régulière. Si, dans la plupart des cas, il n'est que passager et léger,
certaines personnes en deviennent malades et ne parviennent plus à vivre
normalement. Elles ne dorment plus, se montrent très irritables… “Il
est important de consulter le corps médical quand cet état de tension
est constant et vécu de manière négative, explique le Professeur
Philippe Corten, responsable de la Clinique du stress au CHU Brugmann
(voir coordonnées dans la liste ci-contre). Une personne stressée ne
se sent plus à même de répondre adéquatement aux tâches demandées. Ne
pas y répondre entraîne des conséquences significatives. Cette situation
a également des répercussions négatives sur la vie sociale”. A la
Clinique du stress du CHU-Brugmann (Bruxelles), les patients “stressés”
se bousculent. “Nous sommes spécialisés dans le stress au travail,
précise le Professeur Corten. L'essentiel de notre patientèle est
constituée de travailleurs qui exercent généralement des postes à
responsabilités.”
Cibler le problème
Chaque personne vit
différemment les situations. Ce qui cause un état de stress chez l'un,
ne produira pas nécessairement le même effet l'autre. De nombreux
facteurs entrent en ligne de compte dans ce ressenti: la situation
familiale, les responsabilités à assumer au travail, l'âge, la situation
financière, la pression sociale, l’exigence de perfection constante.
Dans les Cliniques du stress – elles sont au nombre de trois en Belgique
francophone (lire les adresses ci-contre), la première étape consiste à
établir le “portrait” du patient. Lors d'un entretien, le psychologue ou
le médecin analyse la demande: De quels troubles souffre le patient?
Quelle est sa demande? Quel est le contexte de la souffrance? Quelle
solution envisager pour sortir de ce mal-être? “Parfois, on se rend
compte que le patient ne souffre pas du stress comme tel, car cette
notion reste vague pour beaucoup, continue Philippe Corten. Notre
rôle consiste alors à les réorienter. Quand il s'agit réellement de
stress, on leur fait passer une série de tests physiologiques et par
ordinateur, pour envisager le problème dans son ensemble et en avoir la
meilleure vision possible.” Après, s’ensuit une prise en charge: “Ici, à
Brugmann, nous leur proposons, en fonction de leurs besoins, des séances
de kinésithérapie-relaxation, un suivi psychologique individuel, la
participation à des modules thérapeutiques, comme la gestion du stress,
l'affirmation de soi…, ou dans certains cas, un traitement
médicamenteux”.
Ensemble pour trouver
une solution
Afin de traiter
correctement le problème, les Cliniques du stress travaillent en équipe
pluridisciplinaire: médecins, psychologues, psychiatres,
kinésithérapeutes… Le Professeur Corten précise: “Nous utilisons
différentes approches psychologiques”. Avoir des ressources
diversifiées au sein de la Clinique permet d'aider au mieux le patient.
Retrouver un
équilibre entre la famille, les amis, le travail…, c'est cela que
viennent chercher les patients des Cliniques du stress. L'accompagnement
est parfois, long mais il permet d'aborder plus sereinement les
situations de tension.
// Virginie Tiberghien
(1) Témoignages de patients de la Clinique du stress
– Cites (Liège) www.cites-stress.be
Les Cliniques du stress en Belgique francophone |
>
CHU-Brugmann,
Place Van Gehucten 4 à 1020 Bruxelles
•
02/477.27.76
•
www.cliniquedustress.be
>
Cites, Rue Montagne Ste Walburge 4 à 4000 Liège
•
04/254.79.05
•
www.cites-stress.be
>
Clinique Notre-Dame de Grâce, Chaussée de Nivelles 212 à 6041
Gosselies
•
071/37.90.00 |
|