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Instants en équilibre (5 décembre 2013)

Quinzaine après quinzaine, Christophe André, psychiatre français, livre dans En Marche une vingtaine d’histoires et leurs enseignements, comme autant de leçons de sagesse, au plus près du quotidien, pour avancer sur le chemin de l’équilibre intérieur et de la sérénité.

La photographie est de Sarah le Queré, étudiante en photographie à l’école des arts et de l’image, Le 75. Elle a été réalisée à la demande du journal En Marche, avec le soutien de la Loterie nationale.

Autocompassion

© Sarah le Queré - Le 75
Cliquez sur la photographie pour l'agrandir
Il y a quelques années, tu t’es cassé la main, bêtement. Évidemment, c’est toujours bête de se casser quelque chose, mais là, ça l’était encore plus : c’était un dimanche soir, chez toi, tu grimpais l’escalier en chaussettes, en courant, en portant quelque chose, et en pensant à autre chose (en vérité, tu pensais déjà à ton boulot du lendemain). Tu as glissé, et tu as senti que ça craquait et que ça te faisait très mal. Et là, tout de suite, tu as compris que c’était cassé.

Tu te souviens très bien que ton premier réflexe, alors, ça n’a pas été de prendre soin de toi, mais de te traiter d’idiot. Puis de t’angoisser, de voir déferler dans ton esprit la vague des ennuis à venir : toutes les choses que tu n’allais plus pouvoir faire à cause de cette maudite fracture (la main droite, en plus). Tu t’angoissais, tu t’en voulais, tu te sentais misérable et stupide. Et triste. Et en colère. Tu as trimballé ce mauvais mélange d’états d’âme souffreteux et hostiles à toi-même pendant quelques jours. Avant de réaliser que ça irait, que tu survivrais (évidemment !) à tous les inconvénients liés à ta fracture. Tu te souviens du jour où on t’a retiré le plâtre, du bonheur à pouvoir te servir à nouveau de tes deux mains.

Tu te sens un peu bête aujourd’hui, en repensant à la manière dont tu as accueilli (ou plutôt pas accueilli) ta fracture, à cette colère inutile, à ce stupide ressentiment contre toi. Inutiles. Tu te demandes encore comment tu as pu t’infliger une double dose de souffrance : la fracture et le souci de la fracture. Tu te demandes pourquoi, à chaque fois que tu as des ennuis, ton premier mouvement c’est de t’en prendre à toi-même, de t’engueuler, t’affoler. Avant de voir que ça ira, que tu y arriveras. Il faudrait tout de même que tu t’aimes un peu plus ; surtout quand tu as des problèmes, et pas seulement quand tout roule et que le succès coule…

EXTRAIT DE L’OUVRAGE “SÉRÉNITÉ. 25 HISTOIRES D’ÉQUILIBRE INTÉRIEUR”/
CHRISTOPHE ANDRÉ / ÉD. ODILE JACOB / 2012

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