Musées (
7 octobre 2010)
Balade
namuroise
La ville
de Namur recèle, par ses rues pavées et derrière ces façades sang-de-bœuf,
des musées méconnus, au charme désuet, ou plus légèrement sulfureux. Visite
guidée de l’Hôtel Groesbeeck-de Croix et du musée Félicien Rops.
Peu
de monde en ce dimanche matin, rue Saintraint, à Namur.
La citadelle veille, majestueuse par dessus les toits. Presque au
bout de la rue, derrière sa façade de pierre calcaire et de briques rouge,
l’Hôtel Groesbeeck-de Croix. Le portail sitôt franchi, le temps s’arrête...
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© Lecouturier |
Un hôtel de maître
Ancien refuge des moines
de l’abbaye de Villers-la-Ville, l’hôtel Groesbeeck-de Croix a été
complètement réaménagé vers 1750 pour le comte Alexandre-François de
Groesbeeck, par l’architecte Jean-Baptiste Chermanne, à qui avaient déjà été
confiés les plans de la nouvelle cathédrale Saint-Aubain, toute proche. Son
architecture révèle ce que furent les préoccupations de l'aristocratie
éclairée de l'époque: recherche du plaisir de vivre, de l’ostentation et de
l’intimité tout à la fois. Et si l’hôtel a pu conserver son homogénéité et
une certaine authenticité qui en font tout le charme, c’est paradoxalement
parce qu’il fut peu occupé : les propriétaires ultérieurs, très souvent à
l’étranger, notamment pendant la période révolutionnaire, ne jugèrent pas
utile de le moderniser.
Au rez-de-chaussée,
c’est une succession de salles d’apparat : boudoir, grand et petit salons,
salon rouge… tout est en place pour faire admirer aux invités des Groesbeeck
la richesse de leur intérieur. Une salle à manger est même aménagée, évitant
ainsi de devoir « dresser la table » à toute occasion. Des cours intérieures
ménagent une lumière douce ; de grandes fenêtres donnent sur le jardin à la
française, le magnifique tulipier de Virginie, et par delà, les toits de la
ville et le clocher de l’église Saint-Jean.
Namur fut longtemps le
centre verrier du pays et les productions des verreries Zoude et de Vonêche
en faisaient la renommée internationale. Quelques pièces sont ici
présentées, ainsi qu’une importante collection d’orfèvrerie, de coutellerie
et de faïences locales.
A l’étage, dans un désir
d’intimité, c’est une succession de petites chambres, salons et boudoirs, un
magnifique salon de musique, avec son clavecin, la chambre de la comtesse et
son alcôve de soieries au point d’Amiens. Les murs sont tendus de cuirs
repoussés, de lins brodés ou de tapisseries de Flandres, les murs des
chambres de bonnes ayant conservés leurs papiers peints d’origine.
Félicien Rops, curieux de tout
Au sortir de l’hôtel,
tournez trois fois à droite et, au numéro 12 de la petite rue Fumal, dans
une toute autre ambiance, vous trouverez le musée Félicien Rops. Enfant du
pays, l’artiste est né à deux rues d’ici, en 1833, et la maison de pierres
bleues du musée fut la demeure de ses beaux-parents, les Polet de Faveaux.
Le parcours débute à l’étage par une immense ligne du temps, mettant en
relation la biographique de l’artiste avec les événements artistiques et
politiques de l’époque. Des alcôves et des niches ménagent des espaces
intimes où se donnent à voir des croquis et des esquisses d’une grande
délicatesse. Et l’on découvre un Rops au-delà de sa propre renommée, le
regard tendre et le crayon doux, sensible à la dureté du siècle finissant et
à la fragile beauté des femmes.
Sur les murs, des œuvres
plus satyriques, dont le très beau “Enterrement en pays wallon”, de 1863,
des toiles aussi, des paysages quasi impressionnistes.
A l’étage, le Rops
sataniste et érotique. Et, ayant su se faire attendre, le “Pornocratès”, de
1878, la “Femme au cochon”, plus nue que nue avec ses bas noirs, ses gants
et son chapeau, les yeux bandés, précédée par trois petits anges facétieux,
et tenant en laisse un verrat.
“J'ai cet entêtement de
vouloir peindre des scènes et des types de ce XIXème siècle, que
je trouve très curieux et très intéressant; les femmes y sont aussi belles
qu'à n'importe quelle époque, et les hommes sont toujours les mêmes”,
expliquait Félicien Rops. Un artiste à qui l’on doit plus de 1000 gravures,
quelque 400 peintures et un nombre tout aussi important de dessins.
// Linda Léonard
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Plus d’infos :
Musée
Groesbeeck de Croix, 3 rue Joseph Saintraint, 5000 Namur
•
Du mardi
au dimanche, de 10h à 12h et de 13h30 à 17h
•
Adultes : 3 EUR •
Infos :
081/24.87.20. •
www.ville.namur.be
(culture)
Musée
Félicien Rops, 12 rue Fumal, 5000 Namur
•
Du mardi
au dimanche, de 10h à 18h
•
Adultes : 3 EUR •
Infos :
081/77.67.55. •
www.museerops.be
Namur au fil de l’eau |
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© Michel Binstok/Belpress |
La “Namourette”
est une petite navette fluviale reliant différents quais
d’embarquement de Jambes, Namur et Salzinnes, de la Meuse et de la
Sambre. Ce sympathique moyen de transport permet aux touristes et
aux curieux d’avoir un point de vue original sur la ville : vue du
milieu des flots.
Il fait aussi
office d’alternative à la voiture, pour les travailleurs ou les
chalands désireux de se rendre au centre ville, en profitant de la
fluidité du trafic sur l’eau. Si le calendrier des navigations a été
un temps élargi au vu du potentiel de mobilité que représentent les
namourettes, il est aujourd’hui recentré.
En juillet,
août, les embarcations se succèdent au rythme de plusieurs par
heure, 7 jours/7; en mai, juin et septembre, il est possible de
voguer les week-ends et jours fériés. A bon entendeur pour l’été
prochain. |
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