Éditorial
(5 novembre 2009)
► Lire aussi
:
Maladie chronique et finances : un cercle vicieux
(page 9 du 5 novembre 2009)
La mutualité :
un
syndicat responsable
En
page 9 de cette édition d’En Marche, vous avez pu prendre connaissance des
résultats de notre enquête menée auprès des ménages confrontés aux problèmes
de santé chroniques. Ceux-ci mettent en évidence une série de lacunes de
l’assurance soins de santé belge. Pour les combler, nous formulons plusieurs
recommandations politiques.
Nos
propositions concrètes se situent à trois niveaux:
1. les frais de
santé dans le cadre de l’assurance soins de santé obligatoire,
2. les frais de
santé en dehors de l’assurance soins de santé obligatoire,
3. les revenus
des personnes concernées par ces difficultés.
1.
Dans le domaine
de l’assurance soins de santé obligatoire, nous ne nous sommes pas contentés
de mettre les problématiques en évidence.
Nous avons tenu aussi à
montrer ce qui avait déjà été réalisé et ce qui nous apparaissait comme de
possibles avancées.
Ces évolutions nous les
voulons compatibles avec une gestion rigoureuse, responsable et durable de
l’assurance soins de santé.
Par exemple, l’étude a
mis en évidence que ce sont les médicaments, y compris ceux qui sont
remboursables, qui alourdissent le plus les frais en santé des malades
chroniques. Des pas ont été faits ces dernières années et nous y avons
largement contribué. Ainsi, les médecins généralistes sont tenus de
prescrire au minimum 27% de médicaments moins chers. Nous proposons de
franchir encore un pas important en procédant par un système
d’adjudications pour l’achat de médicaments. Dans ce cas, le prix ne
permet pas de désigner seul le maître achat, mais la négociation pour
l’ensemble du pays à partir des besoins de la population réduira de manière
certaine le coût global. Les pays qui pratiquent cette option ont vu le prix
de leurs médicaments baisser dans des proportions importantes.
La Mutualité chrétienne travaille à partir de données innombrables
dont elle dispose mais aussi à partir de vos témoignages, de vos
interpellations. |
Autre exemple :
l’accessibilité aux soins de santé doit être garantie. Les difficultés
financières obligent trop souvent les patients à reporter une visite chez le
médecin. Le statut Omnio a permis des avancées, le système du tiers payant
social existe mais n’est pas suffisamment utilisé; le système forfaitaire
tel que celui des maisons médicales est trop rare.
Nous soutenons
l’automatisation de l’octroi du statut Omnio, la simplification
administrative du tiers payant.
2.
Pour ce qui
concerne les frais de soins de santé non pris en compte dans l’assurance
soins de santé obligatoire, les médicaments reviennent une nouvelle fois en
première position des difficultés financières des malades chroniques. La
piste à développer pour permettre de rencontrer cette difficulté est
l’enregistrement systématique et centralisé de l’achat de ces médicaments
afin de pouvoir en étudier la consommation et d’avoir un débat sur leurs
intégrations dans l’assurance obligatoire.
Les frais de
transports pèsent également très lourdement dans les budgets. Là
également, depuis ces dernières années, de nouvelles couvertures ont été
mises en place pour certaines catégories de patients. Il est proposé
d’élargir ces groupes cibles.
Nous avons régulièrement
eu l’occasion de mettre en évidence l’apport des services d’aide et de
soins à domicile ainsi que le nécessaire soutien aux aidants proches.
Une nouvelle fois, l’enquête montre à quel point le renforcement de ces
services et une réelle politique de soutien à l’entourage sont une priorité.
Pour illustrer les réponses à donner, nous pouvons citer les besoins de
lieux de répit, de courts séjours, d’accueil de jour, mais également de
centres de convalescence, de congés spécifiques…
3.
En ce qui
concerne les revenus des personnes en situation de maladies chroniques, il
faut mettre en parallèle les révélations de l’enquête avec une autre étude
réalisée spécifiquement sur les revenus des invalides. Une
mobilisation de la population a conduit à récolter plus de 175.000
signatures pour une pétition qui réclamait une revalorisation de ces
revenus. Aujourd’hui, un chef de ménage invalide qui perçoit l’indemnité
minimale reçoit moins que le seuil de pauvreté. Une augmentation de 150
euros par mois est une de nos priorités.
J’ai mis ici en évidence
quelques propositions. Ces propositions ont été chiffrées. Nous savons
qu’elles peuvent être prises en compte dans les budgets de l’assurance soins
de santé sans la mettre en difficulté.
La Mutualité
chrétienne n’est pas seulement un organisme de remboursements des
frais de soins de santé. Elle est et reste un syndicat de patients.
Elle travaille à partir de données innombrables dont elle dispose
(4,5 millions d’affiliés) mais aussi à partir de vos témoignages, de
vos interpellations. Elle est à l’écoute des mouvements tels que
Alteo ou l’UCP qui portent les paroles de leurs membres. Mais elle
travaille également en réseau avec de nombreuses autres associations
de patients aux buts et objectifs plus spécifiques autour d’une
maladie et de ses conséquences.
Notre métier est
d’articuler notre responsabilité de gestionnaire et de garant de
l’assurance soins de santé avec celui de syndicat des patients et de
nos membres. Nous l’assumons au travers de nos avantages en
assurance complémentaire qui représentent une réponse collective
avant une potentielle intégration dans l’assurance soins de santé.
Nous l’assumons aussi par nos revendications politiques fondées,
chiffrées et responsables. Nous le perfectionnons par notre travail
en réseau.
Voilà le cœur de
notre raison d’être!
Alda Greoli
Secrétaire nationale |
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