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Maladies (21 avril 2005)

 

Le cancer de la prostate encore tabou

 

La prostate pourrait passer complètement inaperçue si elle n’était pas touchée par l’un des cancers les plus fréquents chez l’homme. L’un des plus complexes également… psychologiquement et moralement.

Lire ci-dessous :

"Prendre une décision éclairée..."

La difficile question du dépistage

Présente uniquement chez l’homme, la prostate est une petite glande d’une trentaine de millimètres de diamètre à peine. Située devant le rectum, sous la vessie, elle est placée autour du canal de l’urètre par lequel passe l’urine. La prostate est à la fois proche des voies urinaires et génitales. Sa fonction ? Elle intervient dans la reproduction. Elle sécrète le liquide séminal qui se mélange aux spermatozoïdes produits par les testicules pour donner le sperme. Le bon fonctionnement de la prostate nécessite la présence d’hormones mâles, en particulier de la testostérone. Cet organe peut être victime de diverses affections: l’infection de la prostate ou prostatite, l’adénome de la prostate (tumeur bénigne) et le cancer de la prostate qui prend généralement la forme d’un adénocarcinome.

 

Le cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers de l’homme. L’âge moyen se situe autour de 70 ans mais certains hommes en sont atteints à un âge plus précoce. Dans le monde industrialisé, le cancer de la protate est la deuxième cause de décès par cancer chez l’homme après le cancer du poumon. Mais le fait que les décès surviennent majoritairement après 75 ans relativise l’importance de ces chiffres (1). Aujourd’hui, le cancer de la prostate se guérit et des traitements efficaces existent.

Les causes de ce cancer sont encore inconnues. Certains facteurs de risque sont avancés - on parle notamment d’antécédents familiaux - sans qu’ils soient pour autant validés.

A un stade précoce, les symptômes du cancer de la prostate sont imperceptibles. C’est pourquoi, il est souvent diagnostiqué à un stade avancé. A ce moment, le cancer peut se manifester par des douleurs osseuses, une altération de l’état général (perte de poids ou d’appétit), mais surtout par des troubles urinaires. La prostate “malade”peut comprimer l’urètre ou irriter la vessie et provoquer des envies fréquentes d’uriner ou, au contraire, des difficultés à uriner, une diminution de la force du jet, du sang dans les urines ou dans le sperme.

 

Le diagnostic

Après avoir interrogé son patient sur la présence d’éventuels symptômes, le médecin urologue pratique un toucher rectal, un examen peu agréable mais indolore : il palpe, par un doigt introduit dans l’anus, le volume et la souplesse de la prostate. S’il détecte une grosseur excessive, des contours irréguliers ou un durcissement de la glande, il peut considérer qu’il y a des indices sérieux d’une affection, sans qu’il puisse encore déterminer laquelle.

Pour pouvoir avancer dans son diagnostic, le médecin recourt alors à un second examen, l’analyse du PSA (antigène prostatique spécifique). Il s’agit d’une substance produite par la prostate. Dosé grâce à un prélèvement sanguin, le taux de PSA s’élève en fonction de l’âge et de la présence d’une maladie de la prostate. Ce taux est considéré comme normal s’il est inférieur à 4 ng/ml.

Parfois controversée (voir “la difficile question du dépistage”), souvent utile après l’examen du toucher rectal pour poser le diagnostic, l’analyse du PSA ne suffit en tout cas pas à déterminer la présence d’un cancer. Pour la confirmer, le médecin doit procéder à des prélèvements de la prostate, ce que l’on appelle des biopsies. Celles-ci peuvent être réalisées sous anesthésie, avec l’aide d’une sonde échographique introduite dans le rectum. L’examen commence par l’étude en images de la prostate, puis une aiguille est insérée pour permettre les prélèvements. En général, on en fait plusieurs dans les différentes parties de la prostate. Ceux-ci sont ensuite analysés au microscope.

Si la biopsie est négative, l’urologue peut proposer au patient de refaire des prélèvements à intervalles réguliers. En effet, un cancer de très petit volume peut avoir échappé à la première série de biopsies. Par contre, s’il a observé des cellules cancéreuses, le médecin réalisera un bilan complémentaire qui lui permettra de déterminer l’étendue de la maladie et donc le choix du traitement.

 

Quels traitements ?

Le choix du traitement dépend généralement de l’âge, de l’état de santé général du patient, de l’étendue et de l’“ agressivité ”de la maladie. Notons que l’on ne prescrit pas un traitement actif à tous les patients ! Celui-ci peut s’avérer plus nocif que bénéfique chez une personne âgée ou en mauvaise santé. Le patient restera alors sous surveillance.

 

Les méthodes utilisées pour traiter le cancer sont :

 

• La prostatectomie totale (ou ablation de la prostate)

C’est le traitement de référence pour les hommes jusqu’à 70 ans (parfois plus, si l’état général est excellent) s’il n’y a pas de contre-indications à la chirurgie. Elle consiste à enlever la prostate et les vésicules séminales, sous anesthésie générale. On la pratique soit “à ciel ouvert”, soit par coelioscopie (2). Jusqu’à présent, l’intervention “à ciel ouvert” reste la technique privilégiée. L’ablation de la prostate est une technique efficace et sûre qui offre les meilleurs résultats à long terme. Après l’opération, l’urologue invitera le patient à le consulter tous les ans pendant 10 ans et prescrira un dosage de PSA tous les 6 mois.

 

• La radiothérapie

Elle est proposée aux patients de plus de 70 ans atteints d’un cancer localisé à la prostate et aux tissus environnants ainsi qu’aux patients qui ne peuvent subir d’opération chirurgicale. On associe parfois chirurgie et radiothérapie, mais toujours dans cet ordre car il est techniquement très difficile d’opérer après une radiothérapie.

La radiothérapie est utilisée pour diminuer le volume de la tumeur ou éviter des complications locales. Elle peut être réalisée par voie externe à l’aide d’un appareil qui émet des rayons dirigés vers la prostate et détruit les cellules cancéreuses ou, par voie interne grâce à des éléments radioactifs placés dans la prostate, sous anesthésie générale.

 

• Le traitement hormonal

Le but est de s’opposer à l’action des hormones mâles qui stimulent la prostate. Ainsi, la diminution du taux de testostérone, principale hormone masculine, bloque la prolifération des cellules cancéreuses. Le traitement hormonal n’a qu’un effet transitoire; il ne guérit pas le cancer…

 

• La chimiothérapie

La chimiothérapie est utilisée quand le cancer s’est étendu en dehors de la prostate. Il est proposé pour diminuer la croissance de la tumeur, lorsque celle-ci ne répond plus au traitement hormonal.

Il existe aussi des traitements expérimentaux. Ainsi, la cryochirurgie détruit les cellules cancéreuses par congélation brutale et répétée de la prostate, à l’aide d’une sonde refroidissante introduite sous anesthésie dans la prostate. L’efficacité de cette technique n’est pas encore démontrée. C’est également le cas pour le traitement par ultrasons.

 

De lourdes conséquences possibles

L’opération chirurgicale peut entraîner des troubles urinaires et de l’érection.

Ces fâcheuses conséquences sont dues à la position anatomique de la prostate, proche du sphincter, ce muscle qui, par sa contraction volontaire, empêche à l’urine de s’écouler. Le sphincter peut être fragilisé à la suite de l’intervention et laisser de petites quantités d’urine s’écouler. Pour certains patients, ce désagrément durera quelques semaines, pour d’autres, quelques mois. Pour enrayer l’incontinence, il est important de suivre une rééducation rigoureuse avec un kinésithérapeute. Malgré tout, dans certains cas, les troubles urinaires persistent et l’incontinence est définitive.

Quant aux nerfs de l’érection, ils se trouvent de chaque côté de la prostate. Lors de l’opération, le choix de préserver ces nerfs dépend essentiellement du stade du cancer. On ne pourra généralement le faire si le cancer est invasif. Si les nerfs érecteurs ont été conservés, ils peuvent rester cependant paralysés pendant quelques mois. La récupération d’une sexualité normale se fera donc petit à petit. Cela étant, même si les nerfs ont été ôtés, une activité sexuelle est encore possible. En effet, le plaisir peut subsister et l’orgasme survenir sans érection.

 

Florence Coutellier

 

 

(1) En 1997, dernière année pour laquelle nous disposons de chiffres en Belgique, 1924 hommes sont décédés d’un cancer de la prostate. 69 % sont survenus après 75 ans, 94 % après 65 ans (Institut de Santé publique).

(2) On introduit, dans de petits orifices réalisés dans les parois de l’abdomen, caméra et instruments qui permettront de pratiquer l’intervention.

 

 

“Prendre une décision éclairée…”

 

Jean-Marie, 59 ans, a été opéré d’un cancer de la prostate il y a deux ans. “Cela a commencé en 2000 avec une fièvre et une douleur urinaire qui semblait être une cystite. Les antibiotiques ne faisaient pas d’effet. Le médecin généraliste a alors diagnostiqué une prostatite, que l’on a soignée avec d’autres antibiotiques. Ensuite, elle m’a envoyé chez un urologue. Après un toucher rectal normal, une PSA en-dessous de 4 et une échographie qui ne montrait rien de particulier, l’urologue a quand même préconisé une biopsie. J’étais jeune, en bonne santé mais j’avais des antécédents de prostatite. Le médecin ne voulait pas passer à côté de quelque chose !

Il raconte: “Personnellement, les examens ne m’ont pas gêné. J’étais plutôt détendu et confiant. Mais, pour que cela se passe bien, il faut que l’urologue explique ce qu’il va faire et prévienne quand cela pourrait être douloureux! J’ai finalement subi trois biopsies. Les deux premières, réalisées à un intervalle de 6 mois, n’ont rien révélé. La 3ème a montré une tumeur. Mon PSA était monté à 4,6 ! Il fallait prendre une décision : opérer ou non ! J’ai pris plusieurs avis, parfois contradictoires ! On m’a beaucoup aidé et conseillé et j’ai pris la décision de l’opération. Après celle-ci, je suis resté incontinent pendant un mois et demi, le temps d’achever mes séances de kiné. J’ai retrouvé une érection normale après deux mois. J’estime avoir beaucoup de chances, certains opérés dans mon entourage sont restés incontinents !”

FC

Consultez l’exemple d’une discussion “éclairante” entre le médecin et son patient sur www.esculape.com/info_patients/psa_explication.html

 


La difficile question du dépistage

 

L’objectif du dépistage du cancer de la prostate est de réduire la mortalité en intervenant précocement mais aussi d’augmenter la qualité de vie du patient. Les techniques utilisées doivent apporter des bénéfices et provoquer le moins d’effets négatifs possibles ! C’est parce qu’il faut impérativement tenir compte de tous ces éléments qu’un dépistage du cancer de la prostate, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, suscite la discussion.

 

Ainsi, certains scientifiques remettent en cause la fiabilité et la sensibilité du dosage PSA, les tests positifs comme négatifs posant question. Dans le premier cas, le patient n’est que partiellement rassuré car un taux de PSA normal n’exclut pas à 100% la présence d’un cancer. Alors, combien de “faux négatifs” ? Et à l’inverse, combien de “ faux positifs ” qui ont un taux de PSA légèrement trop élevé mais ne présentent, après biopsies, aucun cancer ?!

 

Selon le Professeur Anne Vandenbroucke, du service de prévention et dépistage du cancer de l’UCL, il faut que les médecins informent objectivement leurs patients des difficultés du dépistage et tiennent compte de celles-ci avant d’envisager un repérage systématique au sein de la population masculine.

 

 

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